Le premier tome de ce diptyque nous entraîne au cœur des années 1966 , écartelées entre la société de consommation outrancière et l’émergence de mouvements contestataires et de la contre-culture.
Californie, 1966. La femme du patron des usines Cadillac de Détroit lui rappelle par téléphone qu’il doit rentrer tôt chez lui parce qu’ils ont des invités et qu’ils doivent fabriquer un petit frère à leur fille… Il n’arrivera jamais…
Hanté par son passé, il abandonne sa voiture dans un petit bois et va errer de longs mois avant de tomber sur le Further, le vaisseau spatial des Merry Pranksters tombé en rade… Comme il est apparu soudainement, qu’il était sale et maigre, avait les cheveux longs et la barbe hirsute, ils allaient le baptiser Jésus-Gris…
Désespérée, sa femme va engager un détective privé pour le retrouver. Son nom : Jack Cool… Par un curieux hasard, Jayne Mansfield, chanteuse et actrice qui fut une des premières playmates de l’histoire, va l’engager pour retrouver sa fille qui vient de fuguer…
A travers cette série mêlant personnages historiques et fictifs, Jack Manini nous immerge littéralement dans cette époque. Témoin de ces bouleversements sociétaux, un détective privé possédant un bon sens de la répartie et portant moustache, favoris, catogan et lunettes aux verres colorées…
Ce premier diptyque nous entraîne dans les années LSD, alors que son usage se répandait comme une traînée de poudre dans les milieux contestataires au milieu des vapeurs capiteuses de marijuana. Si on côtoie des figures de la Beat génération tel Ken Kesey ou de dangereux illuminés tel Anton Szandor Lavey, fondateur de l’Eglise de Satan, le héros de ce premier cycle est un jeune homme qui semble vivre un conte de fée et tout avoir pour être heureux : malgré les obstacles, il a épousé la femme qu’il aimait la fille du Président de la Général Motors dont il est tombé amoureux alors que sa mère travaillait pour lui comme gouvernante… Mais la guerre du vietnam semble l’avoir sérieusement secoué, le poussant à tout plaquer…
Difficile de ne pas être d’emblée attiré par la superbe couverture de l’album où l’on voit Jésus Gris lui-même entraîné dans la tourmente salutaire et psychédélique de l’époque… Le dessinateur de
l’Ultime Chimère ou de
la Guerre des Amants signe des planches joliment composées et joue avec délice sur les contrastes… De la grisaille du morne quotidien du héros involontaire en passant par les passages purement psychédéliques ou sombrement inquiétants des messes noires de Lavey, le tout rehaussé par une colorisation impeccable signée par le talentueux Yoann Guillé…
Jack Manini et Olivier Mangin nous entraînent au cœur de l’Amérique des sixties, écartelée entre la société de consommation exacerbée et la contre-culture qui la rejette vigoureusement et allait révolutionner le rock… Témoin de son époque: Jack Cool, le détective qui donne son nom à la série et qui va mener plusieurs enquêtes en marge des mouvement beatnik alors que s’annonce le Summer of Love…
Dans ce premier opus, road-trip psychédélique sous LSD à bord du Further, le lecteur va suivre l’odyssée d’un homme en burn-out au cœur des sixties. Hanté par son passé, celui qui a été baptisé Jésus Gris par les naufragés des Merry Pranksters va peu à peu réapprendre à vivre… Quel sombres et indicible secret cache-t-il sous ce gant noir? Le voile sera levé lors du prochain épisode…