En février 2017 paraissait le treizième et dernier tome de
Doggybags, ce concentré de gore et d’horreur aux scénarios finement ciselés. Fort heureusement, les auteurs n’allaient pas laisser ces hordes de fans grandissantes dépérir et s’étioler privé de leur dose d’hémoglobine et de frissons glaçants… Ils reviennent en force avec ce second opus de
Doggybags présente, le premier étant l’excellent
South Central Stories signé par le talentueux Neyef…
Depuis qu’elle a été contaminée par Karl au cours d’un tournage X qui est parti en vrille, Celyna n’a de cesse que de traquer et de tuer ceux qui ont fait d’elle ce qu’elle est: un Sépulkre, créature semblable aux vampires se nourrissant du sang des mortels… Elle gagne donc San Francisco, le berceau du porno, espérant y trouver son maître et martyr…
Blood Tells no Tales, le premier récit nous entraîne sur les traces d’une des plus précieuses reliques de la chrétienté… Lorsqu’elle a massacré François-Donatien Lemarquis et ses hommes, Celyna avait dérobé un réceptacle contenant le sang du Christ… Désireux de la retrouver, une poignée de Sépulcres appartenant aux Arcannes, une société secrète siégeant aux Vatican, va se lancer sur ses traces pour prendre possession de la précieuse relique.
Solidement charpenté, le récit concocté par Sourya s’avère aussi très rythmé, grâce à des flashbacks venant préciser la façon dont avaient été recruté cette équipe qui allait affronter notre belle et mortelle héroïne… Le dessin nerveux et dynamique de Hasteda fait comme de coutume merveille pour mettre en scène ce scénario sanglant riche en action et rebondissement. Le tout étant rehaussé par une chute savoureuse d’une mordante ironie…
Porté par le dessin âpre et rugueux de Chariospirale,
Bad Blood nous parle d’un groupe de braqueurs dérobant des stocks de sangs pour le compte de commanditaires aussi mystérieux qu’inquiétants. Ne pouvant répondre à la trop forte demande, ils vont couper ce sang avec celui d’animaux comme on le ferait avec de la dope… Les résultats engendreront une horde de goule dont l’existence même menacera l’existence des Sépulkres… Run signe un scénario dérangeant et malsain accentuant l’aspect répugnant de ces vampires d’un nouveau genre…
Blood Lust qui clôture le récit dépeint la confrontation entre Celyna et Karl son sulfureux maître… En bon prédateur froid et cynique, ce dernier va jouer avec elle comme un chat sadique jouerait avec un souriceau. Signé Céline Tran qui prête ses traits à son héroïne, le scénario porté par le trait épuré et élégant de Maria Llovet s’avère tout à la fois particulièrement gore et étrangement intimiste, complétant par petite touche le portrait sensuel et dérangeant de Celyna…
Remettant en scène le personnage de Celyna apparu pour la première fois dans le sixième opus de Doggybags, ces trois duos d’auteurs signent trois récits sanglants et nerveux qui complètent chacun à leur façon le portrait de l’héroïne, avatar de Céline Tran, alias Katsumi…
Les amateurs retrouveront avec un plaisir malsain et jubilatoire ce qui faisait le charme de la série originelle, avec son lot de fausse pubs, d’articles de fond : des histoires parfaitement calibrées portées par des dessins incroyablement énergiques doté d’une forte personnalité…