Après des siècles d’inconséquences, les dernières terres émergées ont été englouties. Disséminées sur la surface du globe, les quelques rares colonies rescapées doivent s’élever toujours plus haut, cherchant dans les profondeurs des débris de leur passé pour tenter de survivre sur une Terre désormais hostile…
Au sein de la colonie Otys, les joueurs devront gérer un pool de valeureux plongeurs et leur équipement pour tenter de supplanter ses concurrents…
Règles et matériel
Graphiquement, le jeu est tout simplement somptueux. Il suffit d’observer la magnifique illustration de la boîte, signée Paul Mafayon (
Bunny Kingdom,
Diamants,
Loony Quest,
Welcome to the Dungeon…) pour le comprendre et être d’emblée dans un univers post-apo glaçant… Dénué de thermoformage, remplacé par un cartonnage somptueusement illustré, les nombreux éléments du jeu devront être rangés dans des sachets en plastique…
Du plateau colonie aux plateaux individuels (en relief pour être parfaitement ergonomique), des cartes contrats aux tuiles plongeurs, des jetons aux marqueurs de score, chaque élément du jeu s’intègre parfaitement dans l’ensemble, immergeant (
) d’emblée les joueurs dans la thématique… On se rend d’emblée compte qu’on a là affaire à un jeu exigeant et calculatoire à réserver aux amateurs d’optimisation et de cubes en bois… Côté matos, ce premier jeu co-édité par Libellud et Pearl Games place d’emblée la barre haute et donne furieusement envie d’enfiler un scaphandre et se jeter à l’eau…
Joliment mis en page, le livret de règles (12 pages) s’avère dense mais remarquablement bien écrit.
Les différents rouages du jeu sont expliqués de façon claire et didactique, le tout rehaussé d’exemples biens sentis mis en valeur dans des encadrés au design léché. L’apparente complexité des règles cache un jeu parfaitement fluide d’une rare… profondeur…
Contenu de la boîte: 1 plateau Colonie, 5 tuiles sponsors, 80 cubes ressources (20 de chaque type), un sac en tissu, 32 jetons récompense réversibles, 40 jetons crédits, 24 jetons Batterie, 12 jetons Clé neutre, 32 cartes Contrat, 1 jeton premier joueur et, pour chacun des 4 joueurs : 1 plateau individuel, 1 marqueur de score, 1 set de 8 tuiles plongeur, 2 tuiles Technicien (Mécanicien et Hacker), 5 jetons Clef numérotés de 1 à 5 et un jeton Clé X.
Déroulement d’une partie
Mise en place
Pour un jeu de ce format, la mise en place s’avère particulièrement fluide et somme toute très intuitive.
Déroulement
Le jeu se déroulera en autant de manches qu’il le faudra pour qu’un joueur atteigne un score de 18 points…
A son tour, le joueur devra:
1Activer un jeton Clé et bénéficier de l’effet du sponsor associé
2Activer le Plongeur associé à la Clef et bénéficier de sa capacité (collecte de ressources pour approvisionner une zone de fouille, commerce, récupérer des contrats, faire progresser le Mécanicien ou le Hacker, prendre un jeton Récompense…)
La Clé utilisée est placée en bas du plateau individuel et le plongeur est alors remonté à la surface, décalant les autres plongeurs vers le bas.
3Eventuellement Réaliser un ou plusieurs Contrat et marquer les points associés et prendre d’éventuels bonus.
Sur cette mécanique viennent se greffer plusieurs mécanismes simples (mais subtils!) telle l’utilisation de la Clé X (qui sert de joker et permet d’activer le plongeur de son choix), des Batteries (qui permettent d’activer le propulseur et de faire monter ou descendre un plongeur avant d’activer une Clé ou de permettre à un plongeur de ne pas remonter en fin de plongée), la possibilité de doter les plongeurs d’un équipement avancé ou encore un mécanisme simple et ingénieux de récupération de ses jetons Clé…
Fin de partie
La partie s’achève à l’issue d’un tour où un joueur atteint ou dépasse 18 points de notoriété. Le vainqueur est celui qui dirige l’équipe la plus réputée (ou celui qui possède le plus de ressources dans sa zone de fouille en cas d’égalité).
l’Avis de la Rédaction
Quand deux éditeurs réputés associent leur talent et leurs compétences pour éditer un jeu, il y avait de fortes chances que celui-ci soit une réussite… Passé l’excellente impression laissée par un matériel superbe à l’ergonomie impeccable,
Otysv se révèle être un jeu nerveux et captivant qui mettra vos neurones à rude épreuve…
La mécanique en elle-même s’assimile et s’explique, une fois digérée, de façon plutôt fluide, chaque rouage du jeu s’inscrivant parfaitement dans la thématique. Au fil des premiers tours, le jeu laisse apparaître sa richesse et sa profondeur et, croyez-nous sur parole, il faudra plus d’une partie pour en maîtriser toutes les subtilités! D’autant que Claude Lucchini a concocté une variante aussi simple que savoureuse : après plusieurs parties, vous pourrez à loisir jouer avec la face avancée des tuiles Sponsors, leur verso rendant le jeu plus subtil encore de par les avantages qu’ils offrent et qui viendront chambouler quelques réflexes pourtant éprouvés…
Mis à part le setting initial et le tirage des cartes Contrat qui laisse une place au hasard, le jeu s’avère être un jeu cérébral doté d’une composante de programmation et de gestion, le tout saupoudré de collecte de ressources, assaisonné d’une bonne dose de gestion et d’un zest d’opportunisme… Comme le titre de cette chronique le laissait audacieusement envisager avec cette référence au talentueux Otis Redding, la notion de rythme et de timing s’avère cruciale si l’on veut prétendre à la victoire et optimiser au mieux chacun de ses coups…
Chaque tour confrontera les joueurs à un choix éminemment cornélien, rendu plus complexe par un usage possible des Batteries qui donnent une réelle emprise sur le déroulé du jeu et par la nécessité d’entraver l’action de ses concurrents… Sans perdre de vue que l’activation de certaines tuiles Clé au moment opportun permettent de tirer de substantiels avantages de la part des Sponsors…
On retrouve dans
Otys l’interaction feutrée des jeux « à l’allemande »… Les joueurs devront garder un œil vigilant sur les possibilités de ses concurrents, hormis les contrats privés, il n’y a nulle surprise ou coup fourré possible: tous les éléments sont visibles de tous et le premier joueur atteignant 18 points annonçant la fin de la partie, il faudra pendre garde à ne jamais se laisser trop distancer au risque de voir la victoire s’envoler définitivement…
Deux éditeurs réputés associant leurs compétences et leurs savoir-faire, voilà qui se devait de déboucher sur un grand jeu… Et tel est indéniablement le cas!
Au vu de la qualité de ce jeu de programmation et de gestion, difficile de croire que Claude Lucchini signe avec Otys son tout premier jeu… Mais une chose est sûre : le bonhomme est un auteur à suivre de très près! Et le fait que son jeu ait été magnifiquement illustré par le talentueux Paul Mafayon et superbement édité ne gâte rien… bien au contraire!
Doté d’une thématique forte et d’une ergonomie frôlant la perfection, Otys est un jeu captivant qui ravira les joueurs les plus exigeants… A ne manquer sous aucun prétexte!
On aime...
le matériel superbe et ergonomique
les règles au final très fluides
la mécanique au service d’une thématique forte
la courbe d’apprentissage
la quête du timing parfait
On n'aime pas...
Se faire souffler un contrat sous le nez
(*) désolé…