A l’ombre des vestiges de l’aérotrain, Aurélien Ducoudray et Johann Corgié nous livrent une chronique sociale douce-amère qui va virer au drame…

Longeant la ligne Paris-Toulouse, une structure en béton file sur des dizaine de kilomètres. Destinée à accueillir l’aérotrain, elle est depuis devenue obsolète suite à l’abandon du projet pourtant prometteur…

Hervé, 17 ans et Romuald, 12 ans, vivent une jeunesse difficile mais insouciante… Le premier, éternel redoublant, végète au collège alors que le second est passionné par les trains en général et l’aérotrain en particulier… Le soir, ils sortent avec Mathilde, caissière au supermarché qui les embarquent dans sa caisse pour de folles virée nocturnes …

Mais un jour leur triste quotidien va être illuminée par l’arrivée de Lucie, une gamine de 16 ans qui a de solides arguments pour charmer Hervé, Romuald et Mathilde… Mais Lucie ne dit pas toujours la vérité et ses mensonges vont les entraîner dans une cascade de problèmes…

Oscillant entre humour et drame, le récit concocté par le talentueux Aurélien Ducoudray fait une fois encore la part belle aux personnages… Avec leurs zones d’ombre et de lumière, chacun des protagonistes s’avère à sa façon tout à la fois crédible et profondément attachant.

Le scénariste prend le temps de poser tant le décor que les personnages, apportant à l’ensemble la crédibilité nécessaire pour rendre l’histoire absolument captivante. En l’espace de quelques pages, il parvient avec finesse à dépeindre leur quotidien, décrivant avec subtilité les relations les unissant… avant qu’une jeune fille déboule comme un chien dans un jeu de quille et ne vienne tout envoyer valser…

Le scénario est superbement orchestré, avec une montée en puissance qui va crescendo pour un final aussi tragique qu’inattendu… Le ton léger et humoristique des débuts va peu à peu céder la place à un drame d’autant plus bouleversant que le magnifique dessin tout en rondeur de Johann Corgié ne le laisse pas présager. Son trait énergique et ses cadrages soignés s’avèrent être d’une redoutable efficacité, faisant tour à tour ressortir l’aspect humoristique ou dramatique de chacune des scènes… Sa mise en couleur lumineuse est quant à elle superbe alors que son découpage s’avère des plus fluides… Et que dire de cette couverture superbement intrigante qui évoque de façon subtile le caractère de chacun des protagonistes, sinon qu’elle accroche d’emblée l’œil et donne au chaland la furieuse envie de lire cet album?

A l’ombre des vestiges de l’aérotrain, Aurélien Ducoudray fait une nouvelle fois montre de son talent de conteur en mettant un scène trois personnages aussi justes que touchants qui vont voir leur morne quotidien bouleversé par l’arrivé d’une jeune femme charmeuse et manipulatrice…

Avec l’aide du talentueux Johann Corgié qui signe les superbes dessins de l’album, le scénariste pose avec finesse le décor pour y installer ses personnages de façon particulièrement bluffante. Les auteurs nous font passer du rire aux larmes avec une facilité désarmante mais aussi et surtout un indéniable savoir-faire…

Les Lumières de l’Aérotrain est une chronique sociale douce-amère tout à la fois drôle et bouleversante qui vous fera passer du rire aux larmes… sans crier gare…

- Je t’envie, tu sais…
- Tu m’envies? Avec ton 34? C’est la poêle qui se moque du chaudron!
- Non, mais t’es indépendante, tu fais c’que tu veux, t’as une voiture à toi, un job à toi…
- Tu sais, caissière, c’est pas vraiment le plan de carrière idéal…Dialogue entre Lucie et Mathilde

(*)extrait de l’Aérotrain d’Exsonvaldes