




Après avoir refermé
Okko, sa formidable et épique saga médievale-fatastique japonaise, Hub nous entraîne en Amériques du Sud, pour un polar aztèque inquiétant et particulièrement immersif…
Les cadavres momifiés de jeunes femmes sauvagement assassinés sont retrouvés aux quatre coins du monde unique.
Afin d’éviter la panique, les autorités tentent de dissimuler ces meurtres rituels à leu peuple et confient l’enquête à Serpent, officier de justice calculateur et cruel né sans bras. Dans le même temps, comprenant que le meurtrier reproduit un rituel de son culte, Cozatl, grand-prêtre de Tlaloc, demande à Oeil-Lance, un ami d’enfance avec qui il avait conclu un pacte de sang, de se charger de l’enquête… Mais ce dernier refuse, hanté par le souvenir de Serpent à cause d’évènements survenus il y a des années, alors que tous trois suivaient l’enseignement d’Ombre-Montagne dans une maison du peuple…
Mais le temps presse, alors que les meurtres semblent se rapprocher de la cité lacustre de Tenochtitlan, capitale de l’Empire Aztèque…

Prenant le temps de poser des personnages dont il esquisse le portrait par petites touches, revenant sur leur jeunesse par le truchement de flashback savamment orchestrés, Hub pose les bases solides d’une trilogie envoûtante qui nous immerge avec force au cœur d’une civilisation envoûtante et étrangement sous-exploitée en bande-dessinée…
Avec une narration alternée parfaitement maîtrisée, il met en scène des personnages révulsant ou attachants qui vont être devoir enquêter sur une série de meurtres particulièrement macabres et sanglants qui, s’ils étaient connus du peuple, pourrait bien ébranler les fondations du pouvoir…
Tout en déroulant un récit follement rythmé et entraînant, l’auteur immerge le lecteur au cœur de l’Empire Aztèque, détaillant avec soin leurs us et coutumes et l’organisation politique de cette civilisation tout en instaurant une atmosphère oppressante qui va crescendo au fil des pages alors que le passé qui n’avait cessé de hanter Oeil-Lance jusque dans ses rêves semble refaire surface… Entre ce dernier contraint de faire émerger la vérité et le cruel Serpent prêt à tout pour étouffer l’affaire dans l’œuf, une lutte qui prend racine dans leur jeunesse va se poursuivre… Leur duo n’est d’ailleurs pas sans évoquer celui formé par Guillaume de Baskerville et le cruel Bernardo Gui dans
le Nom de la Rose, chef d’œuvre du regretté Umberto Eco…

Si le polar concocté par Hub s’avère particulièrement captivant, sa force provient indéniablement du dessin expressif et formidablement énergique de l’auter… On se demandait ce qu’il faisait durant ces quatre années qui se sont écoulées depuis qu’il avait refermé le dernier chapitre d’Okko… Maintenant, on le sait : il travaillait à sa nouvelle grande œuvre…
Après avoir travaillé avec Emmanuel Michalak sur le storyboard, l’auteur a composé des planches de toute beauté. Empruntant au vocabulaire cinématographique, alternant plans larges donnant la mesure du travail réalisé sur le decorum et plans serrés, mieux à même de retranscrire les émotions et les états d’âmes qui assaillent les différents protagonistes, les planches de l’album au service d’une narration fluide et entraînante… La scène d’ouverture qui dépeint la famine de 1454 et les sacrifices humains qui suivirent pour apaiser la colère des dieux s’avère tout juste bluffante, avec un usage subtil et parcimonieux de la couleur renforçant l’aspect sanguinaire de la cérémonie. Assurée par l’impressionnante Li (alias Sophie Uliana), la couleur de l’album est d’ailleurs une petite merveille qui souligne et renforce l’atmosphère baignant chaque scène comme le fait la musique au cinéma…. C’est ainsi la dream-team d’
Okko qui se reforme, et le résultat est, une nouvelle fois, particulièrement somptueux…
Quatre années après qu’elle eut conclu de la plus belle des façon sa formidable saga se déroulant dans un japon médiéval fantastique, la dream-team d’Okko se reforme pour nous entraîner en Amériques, pour un polar ciselé se déroulant au cœur de l’Empire Aztèque : Michalak en assistant storyboardeur, l’impressionnante Li à la couleur et, évidemment, le virtuose Hub à la plume (de Quetzalcóatl?) et aux crayons.
Doté d’une pagination généreuse (184 pages !), solidement documenté et porté par le trait puissant du dessinateur et scénariste, Ombre-Montagne pose les bases d’une trilogie envoûtante et baroque aux accents de polars historiques se déroulant à trois époques distinctes et dévoilant les us et coutumes d’une civilisation méconnue du grand public…
Les aficionados de Hub seront indéniablement ravis par cette nouvelle série mais les amateurs de polars historiques bien ficelés se déroulant dans un contexte précis et retranscrit avec soin le seront tout autant !
Maintes fois on m’a vanté ton dévouement et celui de tes hommes, Serpent, ainsi que l’efficacité de tes méthodes. Il semblerait donc que tu sois tout désigné pour nous débarrasser de cette sombre affaire, comme d’aucuns enlèveraient une vilaine épine du pied. Le fait que tu sois le frère d’Acacitli, l’épouse de mon fils, n’a donc rien à voir avec ta présence ici aujourd’hui. Désormais, cette affaire n’est plus la nôtre. C’est la tienne. paroles du vénérable Tlacaeflel à achcacauhtin, officier de justice