La vie de Lucienne et Georges, deux sexagénaires vivant dans un petit village campagnard, allait voir leur vie bouleversée par une lettre annonçant que Lucienne avait gagné le premier prix d’un jeu organisé par Outillers, vendeur d’outils itinérant…
Pour Georges, occupé à réparer son tracteur, il s’agit ni plus ni moins que d’une arnaque… Mais pour Lucienne, ces 200.000 euros lui permettrait d’aider plus encore d’enfants à grandir dans les meilleures conditions… Elle va mener une petite enquête de voisinnage pour se convaincre qu’elle est bien la seule à avoir reçu pareille lettre….
Car depuis la mort de leur unique enfant, Lucienne vit son deuil en consacrant ses maigres revenus à parrainer des enfants aux quatre coins du monde…
« Tout ce que vous allez lire est vrai... sauf l'histoire ! »… Cette étrange entrée en matière est de celle qui intrigue et appâte le chaland… passé la surprise, on se dit que la part de vérité réside comme il se doit dans les personnages…
Et force est de reconnaître qu’Aurélien Ducoudray (scénariste de Championzé, de Mort aux Vaches, d’ Amère Russie ou de Camp Poutine - mais aussi de l'excellent Bob Morane Renaissance, en tandem avec Luc Brunschwig-) esquisse des portraits plein de justesse et de tendresse des différents protagonistes qu’il met en scène dans cet album aux accents ruraux. Et pour cause ! Comme il le dévoile dans la poste face, il connaît d’autant mieux ses personnages qu’il les a rencontré ! Mieux, Lucienne et Georges ne sont autre que ses grands-parents paternels alors que les seconds rôles sont assurés par leurs amis et voisins ! On comprend la justesse de leur attitude, de leur façon très personnelle de s’exprimer et des liens qui les unissent.
Ces personnages d’autant plus crédibles qu’ils sont fait de chair et de sang, vont vivre une histoire simple et bouleversante d’humanité, pleines de surprises, de tendresse et d’émotions.
Si la matière de l’histoire a été puisée dans les souvenirs d’enfance du scénariste, difficile de ne pas être confondu par le talent de dessinateur de Gilles Aris. Son trait semi-réaliste retranscrit avec une rare justesse l’émotion des personnages et nous entraîne dans l’histoire avec une facilité désarmante grâce à un dessin élégant et des cadrages audacieux qui servent remarquablement bien la narration et confèrent à l’album une dimension très cinématographique.
Après la Ballade de Dusty qui nous entraînait dans l’Amérique en crise des années 30, Aurélien Ducoudray et Gilles Aris se retrouvent pour un récit campagnard drôle et bouleversant d’humanité.
Difficile de ne pas être touché par la justesse de chacun des protagonistes de l’histoire… Et pour cause ! Le scénariste les connaît d’autant mieux qu’il les a côtoyés pendant de longues années, à commencer par Lucienne et Georges qui ne sont autre que ses grands-parents… Mais ce qui leur arrive est pure fiction, une fable délicieuse, pleine de douceur et de tendresse, qui n’est pas sans évoquer l’œuvre délicate de Pascal Rabaté…
Lucienne ou les millionnaires de la Rondière est album feel good que nous vous recommandons chaudement !
- Georges ! Georges ! C’est pas possible. Georges. J’ai gagné, j’ai gagné !!!
- Qu’est-ce que t’as encore gagné, Lucienne. Hein ? un grille-pain, un napperon, des pantoufles, des joints de bocaux ?
- Mais non, Georges, j’ai gagné…
- Remarque, si t’as gagné une clef anglaise, ça sera utile, saloperie d’écrou ! Aarrhh !
- Mais non, c’est du sérieux. Cette fois, j’ai gagné 200 000 euros…dialogue entre Lucienne et Georges
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