1642. Voilà deux années que Levasseur, ingénieur militaire, a repris l’île de la Tortue aux anglais. Pour mettre fin au « matelotage », pratique en vigueur chez les pirates et autres boucaniers, il fait venir de métropole des prisonnières, voleuses ou prostituées, pour servir d’épouse aux colons et sédentariser la population… Contraintes et forcées, elles sont vendues au plus offrant pour devenir leurs épouses…

Parmi elles, Quitt, Apolline et Louise, trois jeunes femmes déracinées qui se sont, au cours de la dure traversée, fait le serment de rester unies, quel qu’en soit le prix, pour le meilleur et pour le pire… Mais alors que la flotte espagnole fait planer un danger sur la colonie française, leur amitié va être mise à rude épreuve…

Scénariste prolifique et éclectique, Stéphane Piatzszek nous entraîne sur la fameuse île de la Tortue qui allait devenir le point de ralliement des flibustiers des caraïbe, de François l'Olonnais à François Trébutor en passant par Henry Morgan…

A travers trois portraits de femme, le scénariste va donner un aperçu de la population hétéroclite qui peuplait alors l’île… Vendue telle des esclaves à des flibustiers pour devenir leurs épouses, l’une allait être choisie par le gouverneur de l’île, l’autre par un esclave affranchit et la dernière, agonisante, par un autochtone qui a échappé au massacre des siens par les espagnols… Récemment reprise à la couronne britannique par François Levasseur, la Tortue vit sous la menace de la flotte anglaise et espagnole. C’est dans ce contexte tourmenté qu’Apolline, Quitt et Louise vont chercher à conquérir leur liberté, fut-ce en trahissant la promesse qu’elles se sont faites alors que leur sort ne tenait qu’à un fil, perdu au milieu de l’océan…

Après le Japon médiéval, l’Ecosse luttant pour son indépendance et les plages de Normandie, Tieko nous entraîne dans les caraïbes durant l’âge d’or de la flibuste. Son trait énergique, idéal pour mettre en image les scènes d’action, sait aussi se faire sensuel lorsqu’il s’agit de donner vie à nos trois rebelles héroïnes. Allant à l’essentiel, le dessinateur italien reconstitue une île de la Tortue pleine de vie, offrant un cadre historiquement crédible à ce récit d’aventure entraînant.

Trois femmes unies par une promesse vont se retrouver sur l’île de la Tortue et devront batailler ferme pour conquérir la liberté à laquelle elles aspirent, alors que l’île est menacée par les ennemis de la couronne comme par d’ambitieux serviteurs du roi Louis…

Signé par l’éclectique Stéphane Piatzszek, ce premier tome de la Promesse de la Tortue pose les bases d’un récit d’aventure aux accents féministes entraînant, joliment mis en image par les crayons énergiques et sensuels de Tieko…

- Quelle que soit la destination de ce bateau, on n’a pas fini d’en baver. C’est un miracle qu’on se soit tirées saines et sauves de cette tempête.
- Tu parles rudement bien pour une putain du Châtelet, toi… Et qu’est-ce que tu essayes de nous dire avec tes jolis mots ?
- Qu’on est fortes ensemble.
- Tu m’as pas l’air bien épaisse. T’as besoin d’un ange gardien et tu veux m’embrouiller !
- Elle a raison. Si on ne se sert pas les coudes, on va y laisser notre peau. Même toi Louise.
- On prend soin les unes des autres. On partage le mauvais et le bon. On ne se lâche pas. Jamais.
- Jamais.
- Jamais.dialogue entre Louise, Apolline et Quitt