Hiver 1895… Ambrosius Morgan, alias Old Spur, est un vieux cowboy solitaire qui a bourlingué toute sa vie de ranchs en ranchs sans jamais se fixer… Alors que le chemin de fer sonne le glas de son métier, il reçoit une lettre d’une femme qu’il a jadis aimé… Il y apprend que de leur tendre union était né une fille, Liza Jane, et que celle-ci a disparu alors qu’elle convolait en justes noces à la frontière mexicaine…
Le vieux cowboy décide de solder les comptes d’avec son passé et de remonter en selle pour retrouver cette fille qu’il ne connaît pas… Sur la route de la rédemption, il croisera la route du fantôme d’un jeune indien avec qui il va faire un bout de chemin…
S’il aura mis quelques années à signer
La Piste des Ombres, son premier western, Tiburce a abordé le mythe de la conquête de l’ouest sauvage avec son magnifique et pessimiste
Buffalo Runner… Le voilà qui rechausse ses éperons, coiffe son Stetson et ceint son ceinturon garnit de colts 45 rutilants pour nous entraîner dans un récit à la lisière du western et des temps modernes, oscillant entre âpre réalité, poésie, humour et une tendre mélancolie…
Porté par une narration impeccable, l’auteur nous entraîne dans la dernière chevauchée d’un cowboy usé et vieillissant au caractère encore bien trempé qui n’hésite pas à faire parler la poudre et à devenir un outlow pour protéger une patronne qui a toute son estime… Au fil des rencontres, alors qu’il se rapproche peu à peu de l’objet de sa quête, Ambrosius Morgan est trahit par son corps en bout de course, perdant peu à peu la vue… Mais le fantôme de l’indien lui servira de béquille… Le scénariste s’amuse à brouiller ses repères et ceux des lecteurs, l’empêchant de savoir avec certitude s’il évolue dans les délires du cowboy victime d’un empoisonnement ou s’il a les bottes ancrées dans la réalité… Au détour d’une scène, il s’amuse à malmener un certain croque-mort, rendant un savoureux hommage à un grand nom du neuvième art…
Et si le scénario est solidement charpenté, faisant la part belle à l’émotion et au ressenti, il est porté par un dessin tout juste somptueux… Si on ne peut qu’être subjugué par les aquarelles travaillées et le formidable travail de l’artiste sur les ombres et la lumière qui donnent à voir des paysages grandioses, n’hésitez pas à feuilleter la version en noir et blanc qui permet de prendre la mesure du talent de l’auteur, la beauté de ses compositions et la finesse de son trait… Rythmant l’album comme une tête de chapitre, ses planches pleine page sont un régal pour les mirettes et l’on se perd à contempler chacune de ses cases qui fourmillent de détails, parfois imperceptibles, qui rendent le récit plus envoûtant encore… Pour couronner le tout, l’album a été superbement édité, avec une couverture réhaussée d’enluminures d’or qui met joliment en valeur la superbe illustration…
Proposé dans un magnifique écrin avec cette couverture rehaussé d’or, Ghost Kid fait partie de ces albums à côté duquel les amateurs de western ne peuvent pas passer…
Amoureux de l’ouest sauvage, Tiburce Oger nous propose de suivre la quête d’un vieux cowboy solitaire pour retrouver la fille dont il ignorait l’existence il y a quelques jours encore, tissant avec art un road-movie savamment orchestré riche en rencontres et en péripéties…
Porté par des cadrages savamment travaillés offrant des visuels somptueux, des aquarelles de toutes beauté et des récitatifs ciselés, l’album se veut tout à la fois réaliste, drôle, poétique et touchant… De talentueux auteurs redonnent vie à un genre qu’on pensait passé de mode… Tiburce Oger est de ceux qui lui redonne ses lettres de noblesse…
- J’ai une fille, Méridith… Liza Jane Curtis épouse Davis… J’ai une fille et sa mère me demande de la retrouver à la frontière mexicaine.
- C’était donc ça cette lettre de votre ami rapporté du Texas… Oh mon vieil ami… Asseyons-nous, mangeons et racontez-moi !…dialogue entre Ambrosius Morgan et Méridith