



Contrairement à ce qu’on pouvait craindre, l’humanité a survécu à l’épidémie qui a transformé une partie de la population en zombies…
Les autorités sont fermement décidées à tourner la page de ces tragiques évènements, et même de l’effacer de la mémoire collective… Prononcer Le mot de « zombie » suffit à vous condamner manu militari à des travaux d’intérêt généraux… Ainsi, pour une simple plaisanterie faite en aparté à Polly, Ben se voit contraint de travailler pour effacer d’un quartier les traces de cette mortelle épidémie…
Loin de cette agitation, Allen et Thelma sillonnent le pays à bord de leur antique camping-car pour dénicher et collecter des DVD rescapés de la catastrophe dans le but de monter une vidéothèque… Car ces deux vieux loufoques et un brin excentriques, respectivement critique et monteuse de cinéma, vouent une passion déraisonnée au septième art… Par hasard, dans un cinéma désaffecté, ils tombent sur une pile d’une série de films de série Z : Kidz…
Lorsqu’ils le visionnent, c’est une formidable claque. Avec son œil aiguisé et critique, Allen perçoit les talents, que dis-je, le génie du réalisateur ! Et pour lui, cela ne fait aucun doute : Kidz est sans doute le dernier chef d’œuvre audiovisuel de ce monde d’après et son réalisateur ne serait rien de moins que le dernier réalisateur vivant ! De quoi attiser l’envie d’un ancien critique de cinéma désœuvré !
Et voilà que, tandis qu’ils s’étaient planqué dans leur véhicule pour ne pas se faire voir par la colonne d’ados condamnés à nettoyer le quartier entouré par des policiers, il reconnaissent parmi eux l’un des acteurs de Kidz !
La couverture de Jocelyn Joret est comme de coutume de haute tenue, avec deux ados (Ben et Polly), armés respectivement d’une batte de baseball et d’un fusil à pompe, et deux vieux indubitablement un peu azimutés en train de filmer l’assaut mené par une horde de zombis contre un camping-car sur le toit duquel tous ont trouvé refuge… Formidable composition coiffé de ce titre qui désigne d’emblée les héros de cette comédie-survivaliste… Il n’y a qu’un seule chose qui gâche un peu le plaisir des retrouvailles : le sticker « fin de la trilogie »…
Parce que, franchement, on s’était attaché à cette bande d’ados (enfin aux survivants) et à la façon dont le scénariste, l’inénarrable Aurélien Ducoudray, a tissé son récit et truffé son univers de références à la culture pop, jouant avec art les codes du genre pour mieux les revisiter… Et quand je dis du genre, je devrais dire des genres car
Kidz tient autant du teen movie que du survival zombinesque ! L’arrivée ces deux vieux joyeusement barrés et obsédés par le septième art fait souffler un vent de fraîcheur comique alors que le système quasi carcéral qui régit le bahut de nos jeunes héros fait peser une chape de plomb sur cet ultime tome… et ce d’autant que les policiers chargés d’encadrer les ados « déviants » évoque plus des Terminator dénués de sentiments que des forces de l’ordre censées encadrer le travail d’ados ! Ces continuelles ruptures de rythmes entre comédie et thriller tirant parfois vers l’horrifique confèrent à la série cette saveur unique que l’on apprécie tant !

Sorti alors qu’une vague zombis déferlait sur les étals et sur les écrans, Kidz prend le contre-pied des scénarios classiques du genre : alors que l’on suit généralement une poignée d’humains tentant de survivre face à des hordes de zombies sans cesse plus nombreuse, laissant peu de doute sur l’issue fatale du combat qui les oppose,
KidZ prend place après que les humains se soient débarrassé de la menace et tentent de reconstruire une société à peu près viable… Mais elle n’en porte pas moins les stigmates de l’épidémie et tout, quoi qu’on y fasse, rien ne sera plus jamais comme avant. Ce que l’on verra rapidement dans l’ambiance étrange qui règle à l’intérieur du bahut…
Après avoir usé ses stylets dans l’univers du jeu vidéo, être passé par des boîte aussi prestigieuses que Gameloft et Ubisoft, et travaillé dans l’animation comme concept artist, Jocelyn Joret signe avec
Kidz sa première série… Et il est difficile de ne pas être enthousiasmé par le talent du bonhomme : de son découpage on ne peut plus efficace à la pertinence de ses cadrages qui soulignent avec finesse la dramaturgie, jusqu’aux personnage particulièrement expressifs dont les trognes et les postures ont été savamment travaillés pour retranscrire leur caractère jusque dans leur gestuelle… Porté par un sens de la narration saisissant, le récit d’Aurélien Ducoudray n’en est que plus captivant et entraînant encore ! Mais il faut dire que ce talentueux et éclectique scénariste a le chic pour s’entourer de dessinateurs talentueux ! Et le coloriste n’est d’ailleurs pas en reste : les couleurs discrète mais bougrement efficaces de Joret contribuant au plaisir que l’on prend à lire cet ultime (snif !) tome de
KidZ… Mais la porte n’est peut-être pas entièrement refermée pour une seconde saison !
Notons que l’album se termine par un sympathique cahier graphique qui nous entraîne dans les coulisses de l’album et nous permet d’apprécier l’impressionnant talent de Jocelyn Joret dont on attend le prochain album avec une impatience non feinte !

Même les meilleures choses ont une fin, et il en va de ainsi avec les meilleures séries !
Menée tambour battant par un Aurélien Ducoudray très inspiré qui prend les films de zombies à rebrousse-poil, la série est mise en image avec dynamisme et inventivité par un « jeune » dessinateur passé par les cases jeux vidéo et animation avant de revenir à la BD… Et le fait est que ce tandem fonctionne à merveille pour mettre en scène ce teenmovie zombinesque avec une rare efficacité, alternant avec brio les scènes horrifiques avec d’autres de pures comédie…
L’arrivée tonitruante d’un tandem de vieux loufoques mordus du septième art (Allen et Thelma pour ne pas les nommer) dans cette petite ville des Etats-Unis va dynamiter son apparente tranquillité… Désireux de monter une vidéothèque pour le monde d’après avec les vestiges des chefs d’œuvres oubliées du monde d’avant, ils sillonnent le pays à bord de leur camping-car lorsqu’ils tombent en admiration devant un DVD de la série KidZ, tournée par le jeune et talentueux Spielberg… Et lorsqu’ils croisent par hasard l’un des acteurs (qui n’est autre que le pauvre Ben, condamné à des travaux d’intérêt généraux pour avoir plaisanté à propos des zombies au bahut), ils y voient là l’opportunité de rencontrer celui qui pourrait être le dernier réalisateur de son temps…
A la fois drôle et dramatique, KidZ fait partie de ces séries jeunesse intelligente que les parents peuvent lire avec un réel plaisir, tels le SuperS de Frédéric Maupomé et Dawid ou la Brigade des Cauchemars de Franck Thilliez et Yomgui Dumont…
- Thelma ! Réveille-toi ! Il fat que tu voies ça !
- Mmmh… Mmmquoi ? Ah, non ! Pas un truc de zombies !
- mais regardes avant de critiquer ! Et je te rappelle que critiquer,, c’est mon boulto à moi !
- Mouais… Pas terribles, les effets spéciaux…
- Mais Thelma, c’est pas des effets spéciaux ! C’est du doc ! Regarde la timeline, ça a été tourné il y a moins de deux mois !
- Pas mal, le champ-contrechamp.
- Ah, tu vois !
- C’est monté très cut, quand même ! Limite tourné-monté, un petit stage final cut, ça ne lui ferait pas de mal ! Mais il y a un petit côté Darius Khondji dans les éclairages, faut avouer !
- J’ai trouvé le nouveau Frederick Wisseman ! Le nouveau roi du documentaire !dialogue entre Allen et Thelma