Le dérèglement climatique n’est plus une hypothèse mais est devenu notre quotidien… L’Italie, le Portugal et l’Espagne sont devenus inhabitables, provoquant une vague d’immigration vers le nord de l’Europe.

Pour pouvoir accueillir ces réfugiés climatiques, le gouvernement français a ordonné la réquisition des surfaces habitables disponibles, obligeant tout un chacun à accueillir des migrants chez eux pour peu que son logement le permette. Louis s’est ainsi vu contraint d’héberger Maria del Pilar, une vieille espagnole ne parlant pas un mot de français… Heureusement Nieves, sa petite fille, est logée dans le même immeuble et lui servira d’interprète…

Mais la jeune et séduisante Nieves est contrainte de partir vers l’Allemagne pour trouver du travail, abandonnant Louis et Maria… Ce qui ne manquera pas de compliquer quelque peu leur cohabitation…

Après un premier tome touchant, David Ratte, à qui l’on doit notamment les savoureux Les canonnier de la Tour Eiffel et La Petite Voleuse de la Tour Eiffel (sur un scénario de Matteo Ratte et David Ratte), signe un conte social léger et touchant…

Avec ce second tome du diptyque, l’auteur s’attarde sur le personnage de Maria del Pilar, revenant avec finesse et délicatesse sur son enfance et sa jeunesse que la vieille dame se remémore avec nostalgie, sans jamais perdre son optimisme… Alors que, contrainte de quitter son pays, isolée dans un autre dont elle ne parle pas la langue et loin des siens, elle aurait bien des raisons de se morfondre… Et pourtant… Pleine d’énergie, elle fait preuve de compassion envers les gens qu’elles rencontre, s’efforçant d’alléger leur peines et leurs souffrances, sans rien attendre en retour… Par petites touches, elle va bousculer le morne quotidien de Louis, l’obligeant à affronter ces angoisses qui l’empêche de vivre pleinement…

Sur le ton de la comédie sentimentale, David Ratte dépeint avec humour les tracasseries administratives, le racisme ordinaire de parisiens refusant d’accueillir chez eux ces étranger contraint de fuir leur pays, les violences conjugales, l’amitié, les liens intergénérationnels et… l’amour… Le scénariste s’amuse à faire et défaire les fils du destin de chacun des protagonistes, prenant plus d’une fois le lecteur à contrepied dans le déroulé des évènements tout en conservant un ton résolument optimiste…

Son dessin généreux et ses couleurs délicates rendent chacun des personnages particulièrement attachants, à commencer par la lumineuse Maria del Pilar autour de qui gravite tout le récit et qui nous rappelle que ce sont les rencontres et le partage qui font le sel de la vie ! Son découpage s’avère particulièrement efficace alors que ses décors, souvent minimalistes, s’effacent pour mettre les personnages sur le devant de la scène, comme le feraient un metteur en scène de théâtre avec ses acteurs…

Réfugiés climatique & castagnettes aborde avec humour, légèreté et sans en avoir l’air des problématiques bien actuelles… Avec ce second tome, David Ratte referme une série feel-good qui prend prétexte du réchauffement climatique pour tisser une comédie sociale et romantique pleine de bon sentiments…

Son dessin aussi sensible et généreux que l’est son histoire et la mise en couleur lumineuse réalisée avec son fils, Mateo Ratte, rendent la lecture de l’album particulièrement plaisante et entraînante… d’autant qu’il est porté par une galerie de personnages bougrement attachants, à commencer par la vieille Maria, toujours prête à soutenir ceux qui en ont besoin, bien qu’elle ait tout perdu… Elle va bousculer le quotidien bien rangé de Louis et l’obliger à affronter la vie, comme l’homme de verre l’avait fait avec Amélie Poulain dans le fim de Jean-Pierre Jeunet.

Un conte social touchant où l’on reconnaît la patte d’un auteur qui, au fil de ses albums creuse son sillon avec discrétion, élégance et délicatesse…

- En même temps, il faut les comprendre. Tu admettras que cette loi est complètement ridicule…. et injuste ! Ces peuplades du sud ont saccagé leur propre environnement et ce serait à nous d’en subir les conséquences ? C’est un peu facile !
- Rassure-moi, maman, tu ne peux pas être aussi bête ! C’est nous tous ! Tous ensemble qu’on a saccagé leur environnement ! Si on s’en sort mieux, c’est juste une question de topographie !!!dialogue entre Charlène et sa mère