Depuis l’âge de raison, Carma de Portepoisse fait dans le mercenariat en s’efforçant de n’avoir ni trop de chance, ni trop de malchance. Car dans un cas comme dans l’autre, elle subirait de plein fouet la terrible malédiction familiale…

Mais, on le sait, le destin peut être cruel et facétieux et voilà que le sien se retrouve inextricablement lié à celui de la Princesse Loméllie, celle dont la malchance légendaire et contagieuse a causé la chute d’un empire…

Comme si les choses n’étaient pas suffisamment compliquées, un paladin béni des dieux désire capturer la princesse et la traduire en justice pour qu’elle soit condamné pour le mauvais sort qu’elle a attiré sur l’empire…

Scénariste de Colossale, Rutile nous entraîne dans un univers original et un brin déjanté à la suite d’une héroïne baroque qui prend bien garde de ne pas trop rater ou réussir sa vie sous peine de risque de la perdre…

Poursuivie par une étrange malédiction familiale, elle risque de passer de vie à trépas si elle a trop ou trop peu de chance et s’efforce donc, chaque jour, de conserver un subtil et précaire équilibre entre les deux… Proposant ses services aux plus offrant, elle consulte bien des documents avant de faire équipe avec d’autres mercenaires pour être sûr qu’il ne soit pas né sous une trop bonne étoile ou sous de bien mauvais auspices… Pour conjurer le mauvais sort qui s’abat sur elle après sa rencontre avec la pauvre Princesse Loméllie, elle va développer des théories plus tarabiscotées et abracadabrantesques les unes que les autres qui lui feront adopter un comportement délicieusement irrationnel et pourtant étrangement cohérent… La douce folie qui anime chacun de ses personnages et l’atmosphère étrange qui baigne cet univers joyeusement barré évoque immanquablement les univers imaginés par Arleston qui sont truffés de jeux de mots, possèdent leur propre logique et proposent une expérience de lecture décalée, légère et savoureuse…

Il fallait le dessin dynamique et expressif de Remuzat pour donner vie à ces personnages joyeusement déjantés qui peuplent cet univers qui ne l’est pas moins. La maquette de la couv met joliment en valeur l’illustration qui nous plonge d’emblée dans la folie furieuse qui baigne le récit, avec en filigrane un thème astral presque invisible mais pourtant si important dans cette histoire… Son découpage fait la part belle aux personnages dont les mimiques et les postures très théâtrales confèrent à l’ensemble une saveur toute particulière, accentuant avec efficacité le comique de situation de chaque scène et l’humour des dialogues…

A l’issue de l’album, on regrette presque que les aventures de Carma de Portepoisse ne soit un one-shot tant l’univers et les personnages esquissés sont originaux et entraînants…

A cause d’une étrange malédiction familiale, Carma de Portepoisse se doit de n’être ni trop chanceuse, ni trop malchanceuse, sous peine de mourir… Elle s’emploie donc à fuir le bonheur et éviter les malheurs qui pourraient jalonner sa route, développant d’étranges théories pour affronter l’adversité et les embûches qui ne manquent pas de se dresser sur son chemin de mercenaire… Mais sa route allait croiser celle Princesse Loméllie dont la malchance légendaire et contagieuse a causé la ruine d’un empire, et Hercules Borday de Noailles, paladin béni des dieux…

Le dessin rafraîchissant et expressif de Remuzat met joliment en valeur cette improbable et entraînante histoire d’heroic-fantasy portée par le trait enlevé de Remuzat et signée Rutile, scénariste de Colossale, évoquant les univers dont Arleston a le secret…

- Bon, on y va ?
- Vous ne prêtez pas allégeance à Aléa, avant la quête ?
- Merci, non. J’voudrais pas me taper un gros coup de chance, ça me mettrait dans la mouisedialogue entre Carma et Prospero