Les ressources naturelles sont épuisées. Ceux qui n’ont pas pu quitter la Terre sont condamnés à vivre dans une atmosphère viciée et échapper aux bio-brigades qui traquent les derniers survivants pour les faire travailler dans les mines…
Orphelins, Rio et Kaya vivent au jour le jour, dans l’espoir d’atteindre le sud où la vie serait dit-on possible. Mais, alors que Rio parvient à tuer un louveteau qui leur avait volé leur lapin, la mère de ce dernier, une louve mutante et particulièrement féroce échappée des laboratoires tue le jeune homme avant de prendre Kaya en chasse… Tous deux tombent dans un piège et n’ont d’autre choix que de s’entraider pour survivre…
Après bien des déboires et alors qu’elle marchait, seule, vers le sud, que ses médicaments s’épuisaient de même que son stock de nourriture, Kaya est attaquée par un groupe de survivant et est sauvée par l’arrivée impromptue de la louve mutante… Pourquoi la louve semble-t-elle l’avoir choisie, elle ?
Difficile de ne pas tomber sous le charme de cette couverture aussi somptueuse que singulière dont l’illustration s’étale sur le quatrième de couverture et où le titre occupe tout l’espace tandis que le nom des auteurs est écrit à la verticale et estompé pour mettre en valeur le visuel de cette gamine qui, juchée sur la carcasse d’une voiture au milieu d’un monde en ruine, nous dévisage tandis qu’une monstrueuse louve s’avance vers elle sans paraître menaçante…
Les planches de l’album sont tout aussi somptueuse, avec ce trio d’artiste italien qui unissent leur talent pour nous offrir d’impressionnants visuels d’un monde en ruine, ravagé par la folie des hommes… Composée avec soin à l’aide d’outils numériques parfaitement maîtrisés, chaque case est une petite merveille dans laquelle on peut se perdre… Chaque auteur a apporté ses compétences pour les mettre au service du récit : Emanuele Tenderini se charge du storyboard, offrant une lecture fluide et des cadrages bougrement efficaces qui accentuent la dramaturgie du récit et ménagent des séquences très contemplatives ou des scènes d’action virevoltantes…
Lorenzo Lanfranconi signe lui des décors postapocalyptiques sublimes et inquiétants alors que Linda Cavallini, par ailleurs coscénariste du récit, donne vie aux personnages qu’elle anime avec maestria… Réalisées par Emanuele Tenderini et Lorenzo Lanfranconi, les couleurs fascinantes de l’album subliment l’ensemble, baignant le récit d’une lumière savamment travaillée qui donne bien souvent au lecteur l’illusion de visualiser un film d’animation particulièrement immersif…
D’autant plus immersif que les auteurs se sont associés à Remo Baldi, compositeur de musique électronique, pour qu’il écrive la bande son de l’album, un QR code permettant d’accéder à l’appli alors qu’un pictogramme nous informe de la plage à écouter pour accompagner la lecture… Chargées émotionnellement, ses compositions entrent en résonnance avec l’histoire de façon saisissante, offrant une savoureuse expérience de lecture, distillant une atmosphère délicieusement mélancolique et tragiquement désespérée…
Alliant simplicité et émotion, le scénario s’avère tout aussi remarquable, avec une montée en puissance savamment orchestrée au fil des pages et un final aussi poignant qu’inattendu qui s’avère particulièrement bouleversant, posant en filigrane la question « Que nous reste-t-il quand le seul espoir qui nous faisait avancer disparait en fumée » ?
Joliment édité et somptueusement mis en image par un quatuor d’artiste très complémentaires qui signent storyboard, décors, personnages, couleurs et lumières qui, conjugué à une mise en scène somptueuse et à une bande-son signée Remo Baldi en parfaite osmose avec l’histoire, donne la furieuse impression de visionner un fascinant film d’animation postapocalyptique…
Les ressources sont depuis longtemps épuisés et ceux qui n’ont pu quitter la Terre tentent de survivre dans un monde hostile et ravagé en s’efforçant d’échapper aux bio-brigades qui les traquent pour les envoyer travailler à la mine… Alors que son frère Rio vient de trouver la mort en combattant une louve mutante échappée des laboratoires et dont il avait tué le louveteau pour se nourrir, Kaya poursuit sa route vers le sud où l’on raconte que la vie serait possible, la louve marchant dans ses pas…
Sobre et épuré, le scénario de Paola Barbato et Linda Cavallini s’avère bouleversant, superbement mis en image par les talentueux Emanuele Tenderini, Lorenzo Lanfranconi et Linda Cavallini qui unissent leurs talents pour composer des planches de toute beauté baignées d’une lumière savamment travaillée… Récit tragique au final bouleversant, Kaya est un album contemplatif superbe et délicieusement mélancolique…
- Couvre-le avec ta main droite et regarde devant toi.
- Qu’est-ce que je suis censée voir ?
- C’est le sud. C’est un lieu sûr où il fait bon vivre et où on ne manque jamais de rien. C’st là que sont nos parents.dialogue entre Rio et Kaya