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Le Couperet
Le Couperet



Fiche descriptive

Thriller

Costa-Gavras

José Garcia, Karin Viard, Ulrich Tukur, Olivier Gourmet, Yvon Back, Thierry Hancisse, Yolande Moreau, Olga Grumberg…

02 Mars 2005

2h 2min

Chroniques

Bruno Davert est un cadre très supérieur dans une usine de papier. S'étant fait licencier avec quelques centaines de ses collègues pour cause de délocalisation, il est prêt à tout pour retrouver un poste à son niveau, même à tuer ses concurrents.
un excellent film!


Un conte social amoral
A l’heure où la mode de la délocalisation se généralise, la situation de Bruno Davert est des plus ordinaires. Privé de la confiance en lui-même, il se retrouve désarmé face à la violence de la société à son égard. Et, par amour, parce qu’il se sent en guerre avec la société, pour protéger sa femme et ses enfants, il va entrer dans une spirale de violence, combattre la violence sociale par la violence physique, et de venir un serial killer abattant froidement ses éventuels concurrents sur le marché du travail.

Car si ces problèmes, ceux d’un homme confronté au rejet de la société, sont bien réels, sa réponse est des plus exagérée, comme seuls les films de genre le permettent. En cela, le film se situe bel et bien dans la droite ligne du conte. Conte amoral et non immoral toutefois. Car, à l’instar de Voltaire qui se plaisait à raconter des situations amorales pour faire naître chez le lecteur des réactions morales, Costa-Gavras s’est efforcé de faire en sorte que le spectateur puisse s’identifier à ce tueur immoral afin qu’il soit emmené à le trouver sympathique et à s’interroger sur ce qui le pousse à le rendre sympathique. Car plus que sa propre violence, c’est bien la violence qu’engendre notre société qui est ici dénoncée. L’objet de ce film est d’inciter le spectateur à s’interroger sur cette violence, sur ces hommes et femmes que la société assassine sans que cela choque nécessairement autant que les meurtres perpétrés par Bruno Davert. Et quelle sera la société de demain si nous acceptons ces assassinats sociaux?

Adapté du livre de Donald E. Westlake, et comme l’a souligné Cosat-Gavras lors de l’avant première, ce film est une sociale-fiction, comme il peut exister la science-fiction ou la politique-fiction. Et ce qui ne pourrait qu’être une tragédie glauque et sordide tire vers la tragédie comique, le rire étant alors porteur d’espoir. Dans la tragédie les héros sont meilleurs que nous, alors qu’ils sont pires que nous dans la comédie. Ici, à la lisière entre les deux, Bruno Davert n’est ni meilleur, ni pire. Ses problèmes pourraient être les nôtres. A ceci près évidemment, que sa réaction est des plus excessives et des plus immorales! En cela, le choix de José Garcia, qui sort ici de son registre ordinaire et prouve si besoin était ses talents d’acteurs, est des plus judicieux. Ayant déjà un capital sympathie auprès du public, ce dernier aura d’autant plus de facilité à le trouver sympathique malgré ses actes immoraux.

A l’instar d’Amen où le fil conducteur était les trains qui venaient cruellement rythmer le film, ici le fil conducteur semble être la publicité qui telle une torture chinoise vient rappeler au personnage principal de ce film qu’il est dans l’incapacité d’acquérir ce qu’on lui propose, car se retrouvant sans travail, il est exclu de la société de consommation et donc de la société.

Un film fort, comme tous les films de Cosat-Gavras pourrait-on dire.

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Le Korrigan


un excellent film!


Caustique...
Satyre au vitriol de notre société capitaliste frénétique, le dernier film de Costa-Gavras dénonce le rôle de la fonction professionnelle et sociale dans la définition de l’individu.

Bruno Davert est cadre supérieur en papeterie, et lorsqu’il perd son emploi pour cause de « fusion-restructuration-compression », il se dit qu’avec son CV, ce n’est qu’une question de semaines avant de retrouver un poste similaire.
Malheureusement, et comme l’on déjà découvert de nombreuses victimes du chômage de longue durée, deux ans et demi plus tard, il reste toujours sans emploi…

A force de se remettre en question et de retourner le problème dans tous les sens, une singulière idée germe dans son esprit: combien sont-ils à pouvoir s’interposer entre lui et le poste qu’il pourrait convoiter ? Une seule solution devant cette concurrence bouc-émissaire : l’éliminer…

Le film oscille entre le tragicomique, que sert bien entendu habilement le comédien José Garcia, et le thriller psychologique. Quelques sourires, puis vous voilà à vous accrocher à votre siège devant cette folle croisade qui ne peut que mal finir…Garcia y donne toute la mesure de son talent, et on l’imagine sans peine endosser la peau d’un serial-killer dans un prochain film. Reste que ce personnage à la croisée d’une folie qui n’est pas vraiment la sienne et du bon père de famille est emblématique (bien que caricatural) de la souffrance que peut induire le « monde du travail » sur ce qui nous reste d’humanité.
Tous les seconds rôles sont également très justes, de Olivier Gourmet à Ulrich Tukur, en passant bien sûr par Karin Viard.

Notons au passage que Costa-Gavras se paye le plaisir de fustiger l’omniprésence de la publicité dans les rues de nos villes, et notamment sa tendance accusatrice et machiste. On se croirait à la maison…

La fin du Couperet est d’un cynisme absolu, et montre du doigt (du poing ?) l’insécurité de l’emploi comme symptomatique d’un malaise social inexorable dans notre société…
Keenethic



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