Fiche descriptive
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« Joyeux Noël » se veut la synthèse romancée des multiples actes de camaraderie qui fleurirent sur le front à l’occasion du Noël 1914. Le réalisateur, Christian Carion (« Une hirondelle a fait le printemps », splendide…), a souhaité faire de ce film un acte de mémoire humaniste, pour des initiatives qui transcendèrent les barrières de culture…mais pas celles de la hiérarchie politico-militaire, qui réprima dans le sang ce que les états d’alors qualifiaient de « trahison ». C’est bien un drame qui s’est joué lors de cette guerre, comme lors de toutes les guerres ; et ce drame est celui de la xénophobie viscérale, de la méconnaissance, de la nécessité d’avoir un ennemi pour garantir une unité (au profit de qui ?)... Car ceux qui ont pu voir leur ennemi dans les yeux, ceux-là savent que ce qui les sépare n’est pas infranchissable, et encore moins dangereux… Le film nous propose des moments d’une intensité rare, servis par une brochette d’acteur quasiment irréprochable. On goûte ou pas les prestations musicales doublées du couple Diane Krüger/Benno Fürmann, mais on ne peut qu’être saisi par la magie d’une invitation à se « re-trancher » en face pour éviter les bombardements d’artillerie, ou plus simplement par la force d’un regard échangé entre deux ennemis d’hier et de demain… Pourtant, le film parvient à conserver un ton léger, presque tragi-comique, qui fait saillir les arêtes tranchantes de l’absurdité de la guerre. C’est aussi ça, sa réussite, car Christian Carion prend le parti de ne pas nous étouffer avec la boue ensanglantée des tranchées. Chacun sait, aujourd’hui, qu’il ne valait mieux pas vivre et mourir là, mais ce n’est pas le propos du film. Car dans les archives militaires, le réalisateur a trouvé une matière incroyable à l’écriture des scènes qui émaillent son histoire. Il convient donc bien d’assurer le spectateur médusé que la plupart des évènements saugrenus qui y trouvent une place se sont réellement déroulés, même l’histoire du chat-espion ! Enfin, il est à noter que la production du film est on ne peut plus européenne, pour un résultat transculturel fort à propos et très réussi, même s’il ne fut pas sans difficultés (financières, uniquement). En guise de conclusion, « Joyeux Noël » nous amène tout simplement jusqu’au constat déchirant et tragique de ce qui aurait dû être et de ce qui –espérons le- sera… Belle leçon d’humanité.
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