Encore un excellent travail de Tsui Hark. Même si on n'est loin de la furie inventive quasi expérimentale de Time and tide ou de The Blade, il y a une telle générosité et une telle intensité qu'on passe sur les menus défauts de la narration. En effet, des problèmes de production ont amené le cinéaste à raccourcir nettement son film (pas moins d'1 heure 30 !), et la cohérence narrative en souffre parfois. On aimerait en savoir plus sur certains personnages et sur certaines péripéties ellipsées de façon un peu abrupte.
Mais ce relatif chaos narratif est aussi une marque de fabrique de Tsui Hark. Parfaitement à l'aise dans le foisonnement et la prolifération, il n'aime rien tant que la multiplication des intrigues et des personnages. Et il n'est jamais si fort que quand il mêle amour et action. Si on suit avec autant d'intérêt l'intrigue décousue de Seven swords, c'est qu'il a l'art de nous plonger au coeur des motivations des personnages, de nous faire partager leurs désirs et leurs souffrances : ainsi le très beau personnage de l'esclave coréenne, femme ambigue et meurtrie, soupçonnée de trahison, accédant enfin à l'amour mais trop tard.
Tsui Hark est un de ces rares cinéastes capables de filmer des combats complexes en alliant brutalité et poésie, de jouer sur la vitesse, l'accélération et la suspension. Si on ne saisit pas toujours tous les plans, l'intégrité de la scène et de l'espace est toujours respectée et le spectateur peut toujours respirer.
Les intrigues sentimentales ne font jamais pâle figure face au déchaînement de l'action et les enjeux humains sont traités avec la même vigueur et le même sérieux que le reste.
Un film et un cinéma précieux...