Première BD du romancier Michel Rio, Faux pas est l’adaptation de son roman éponyme paru en 1991 et mettant en scène l’enquêteur Francis Malone. Signant lui même l’adaptation, ce premier opus d’une nouvelle série (on espère que d’autres enquêtes de Malone feront l’objet d’une adaptation) révèle d’emblée une maîtrise de la narration et un sens du rythme propre à la bande dessinée. Il parvient à alterner scènes lentes mettant en scène avec un certain brio des dialogues complexes et travaillés et des scènes quasi muettes où seuls le son étouffé des balles rompent le silence.
On peut être troublé par les premières pages, dénué de tout texte et qui mette en scène le personnage du tueur. Mais elle contribue grandement à installer l’atmosphère inquiétante et étouffante de la scène qui va suivre et la tension qui ne cessera de monter jusqu’au fatal dénouement.

Le trait de Pierpaolo Rovero, diplômé de l’Académie Disney de Milan, est sobre et épuré tout en étant très efficace. Le découpage des planches est très cinématographique. Le dialogue de près de huit pages qui suit la rapide intrusion du tueur dans la demeure du journaliste Pierre Brémond fait montre d’une maîtrise certaine des cadrages et un sens aigu de la mise en scène. De même que dans les scènes muettes se passant de tous récitatifs tout en étant claire, tendues et efficaces. La colorisation signée Fabio Pacciuli est très froide, peut être un peu fade mais colle toutefois plutôt bien à l’ambiance glacée qu’impose d’emblée le personnage du tueur.

L’atmosphère lourde et pesante que les auteurs parviennent à mettre en place dès les premières pages font de Malone un polar sombre et rigoureux qui fait immanquablement penser au superbe Tueur des très talentueux Matz et Jacamon. Ce premier tome fait émerger de multiples questions quand aux motivations du tueur et l’envie de découvrir la conclusion de cette intrigue est bien réelle qui passera sans nuls doutes par la confrontation entre Malone et ce mystérieux tueur…

Conçu en diptyque, ce premier tome de Faux pas est incontestablement une réussite qui devrait ravir les amateurs de polars noirs et bien ficelés…