Stephen Desberg signe avec Sherman un nouveau thriller ambitieux faisant la part belle à l'action.

L'histoire commence dans les années 50 et met en scène Jay Sherman, fils d'un clochard qui est mort dans ses bras. Parti de rien, il devint en quelques années un homme d'affaire en vue dont le fils brigue le poste de Président des Etats Unis... Mais cette cristallisation du rêve américain va brutalement voler en éclat : Robert Sherman, son fils, se fait tirer dessus à l'issue d'un meeting et oscille entre la vie et la mort. Un sinistre coup de fil l'informe que ce n'est que le début d'une longue descente aux enfers : après avoir perdu son fils, il va perdre sa fortune et sa fille... Qui peut le haïr suffisamment pour accomplir pareille vengeance? Par le truchement de flash-back , le lecteur va être replongé dans le passé de Jay Sherman et suivre sa fulgurante ascension...
Loin d'être indigestes, les incessants allers-retours entre passé et présent s'avèrent fluides et aspirent le lecteur, à la fois dans l'intrigue contemporaine et dans celle ancrée dans le passé de ce personnage tout en clair-obscur. Le rythme binaire induit par le découpage temporel de l'intrigue accompagne le lecteur, tel un morceau de Dizzy Gillespie ou de Charlie Parker.

Le trait réaliste de Griffo épouse une fois de plus parfaitement l'ambiance de la série. On ne peut qu'être impressionnant par la variété des style adopté par cet auteur dont les planches n'ont pas fini de nous enchanter depuis Monsieur Noir. Son sens du cadrage et de la narration servent impeccablement cette intrigue qui balaye un pan de l'histoire des Etats-Unis...
Et lorsqu'il ne signe pas lui même les couleurs, ce talentueux dessinateur sait s'entourer de coloristes efficaces, tel Roberto Burgazzoli dont les teintes immergent le lecteur dans l'atmosphère sombre et pesante des des films noirs des années 50...
Les couvertures des six tomes, remarquablement construites, sont des plus percutantes et laissent augurer une suite passionnante, avec un itinéraire plein de compromissions...

C'est peu dire que ce premier tome nous met l'eau à la bouche en montrant le revers de la médaille de l'American dream à travers les contorsions qu'a du dû faire Jay Sherman avec la morale pour parvenir à se hisser jusqu'au sommet... Le rythme soutenu des parution (les deux premiers tomes sont dors et déjà disponibles alors que les quatre suivants s'échelonneront entre mai 2011 et juin 2012) est un atout appréciable de cette série dont le format évoque celui d'une (excellente) série TV américaine...

Jay Sherman à réussit sa vie, non sans se faire quelques ennemis qui sauront se manifester à l'apogée de sa vie, en attentant à sa vie et à celle de son entourage " Le moment est venu de payer pour ce que vous avez fait " C'est avec cette menace qu'il devra fouiller dans son passé agité, et remonter des souvenirs pesant. Un très bon premier volet du célèbre tandem Griffo/Desberg qui nous présente une amérique violente et corrompu. Sans perdre son lecteur, par l'utilisation astucieuse de séquences bichromiques, de nombreux flashback nous dévoilent au fil de l'histoire la vie remplie de cet homme. On reste quand même un peu sur sa faim en ayant avalé cette premiere mise en place des personnages. On en redemande vite, car Stephen Desberg, comme à son habitude, sait nous faire trépigner d'impatience pour le dénouement de cette fresque.

par Christophe Dumoulin