Gyakushu! Ne pouvait que s'achever dans un déchaînement de violence orchestrant un combat dantesque ébouriffant. Rarement histoire de vengeance aura été aussi sanglante. Les dessins dynamiques et expressifs de Dan Hipp sont incontestablement l'un des points forts de cette trilogie sombre et tourmentée. Son trait, à la confluence des genres, parfaite synthèse du manga et du comics, fait montre d'une rare maîtrise et ses mises en scènes s'avèrent particulièrement efficace.

Mais c'est surtout sa narration parfaitement maîtrisée qui force l'admiration. Son récit, construit à coups de flashback à répétitions est une construction scénaristique audacieuse et percutante. Le narrateur intervenant tout au long des deux premiers tomes (pour, croyait-on, mettre en garde le lecteur contre le déchaînement de violence qui allait suivre ou souligner l'aspect tragique et désespéré de l'histoire) cassait le rythme soutenu du récit de façon savoureuse, ménageant un suspens tendu et une monté en puissance époustouflante. Mais ce narrateur avait en fait un tout autre rôle à jouer, comme le révèle cet ultime tome de la saga! Plus qu'un artifice scénaristique, il est tout simplement la clef de voûte du récit, autour duquel tourne toute l'intrigue... Le récit sanglant de Dan Hipp apparaît alors sous un jour nouveau... absolument épatant...

Ce chanbara tarantinesque échaffaudé par Dan Hipp est une œuvre violente et sanglante d'une grande maîtrise narrative et graphique. Cet auteur des plus talentueux n'a pas fini de faire parler de lui! Gyakushu! Une trilogie impressionnante à réserver à un public averti ???