Jean-Luc Sala n’a pas son pareil pour créer des séries grand public pleines de charmes et d’action. Spynest ne fait pas exception à la règle en proposant une histoire d’espion dans une ambiance très pulp mettant en scène Ian Fleming, espion au service de Sa Majesté, celui là même qui fera naître plus tard le plus célèbre des espions, James Bond…
Si on connait le passé d’espion de Flemming, peut savent qu’il joua un rôle déterminant dans le plan visant à attirer et capturer Rudolphe Hess, dauphin d’Adolph Hitler. C’est dans ce passé au British Department of Naval Intelligence que Flemming puisa pour concocter le background des romans mettant en scène le célèbre espion…

S’appuyant sur des faits avérés, la sympathie du Duc de Windsor (qui régna brièvement sous le nom d’Edouard VIII) pour le régime nazi, Jean-Luc Sala a concocté une mission iconoclaste, l’Opération Excalibur. Ian Flemming, au service de Sa Majesté, reçoit le permis de tuer le plus surprenant qui soit : il a pour ordre de supprimer le gênant Duc de Windsor qui compte bien retrouver son trône et régner sur l’Angleterre sous la férule d’Hitler. Loin d’être pure invention, il est avéré que le Duc livra des informations sensibles à ceux qui allaient devenir l’ennemi de l’Angleterre. Son amour pour une américaine ne fut qu’un prétexte pour se débarrasser d’un encombrant souverain admiratif du Reich et le pousser à l’abdication afin de ne pas provoquer une crise constitutionnelle d’une extrême gravité. Et ce d’autant que les dignitaires du Reich œuvraient pour s’attirer les bonnes grâces de l’ancien souverain! Son abdication romantique prend un sacré coup dans l’aile et la façon dont le scénariste tisse un récit léger et divertissant sur une base historique édifiante et pourtant établie est assez délicieuse, prouvant si besoin était qu’un divertissement intelligent peut être instructif!

Le dessin de Christophe Alliel, semi réaliste et dynamique, est une fois de plus particulièrement efficace. Son trait réaliste qui empreinte parfois à la caricature pour souligner une émotion ou une attitude fait merveille et contribue à la délicieuse coloration pulp de la série mêlant habilement histoire, action et humour… On y retrouve des plans qui ne dépareilleraient pas dans un excellent Indiana Jones et les cadrages affûtés du dessinateur accentuent l’aspect très cinématographique de la série.

Spynest est une série ludique et rafraîchissantemêlant habillement action et histoire et dont le second tome confirme tout le bien que l’on en pensait. Il est dommage que l’album ne soit pas complété par un petit dossier sur l’affaire Edouard VIII qui est au centre de l’Opération Excalibur. Néanmoins, à l’ère d’internet, ceux qui désire en apprendre davantage sur le trouble rôle d’Edouard VIII pourront se tourner vers le reportage « Edouard VIII , le roi nazi » diffusé sur Planete, une histoire de trahisons et de corruption édifiante et passionnante.