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Les Femmes
Magasin Général



Fiche descriptive

Roman Graphique

Magasin Général

Tome 8

Régis Loisel, Jean-Louis Tripp

Régis Loisel, Jean-Louis Tripp

François Lapierre

Casterman

21 Novembre 2012

Chroniques
Critique de la Série
à tantôt...
Les Femmes
Tranche(s) de vie(s)

L’hiver, à nouveau. Après que le charleston, ramené de Montréal par Marie, ait déferlé comme une furie sur Notre-Dame-des-Lacs, les hommes ont finalement repris le chemin de la forêt, pour y travailler tout au long de la saison froide. Le calme peut enfin revenir sur le village. Mais rien ne dit que ce soit pour très longtemps…

Car Marie, après avoir partagé sa couche avec Ernest et son frère Mathurin, se découvre enceinte, sans trop savoir qui est le père – elle qui s’était toujours pensée stérile ! Pendant ce temps, Réjean, le jeune curé du village, s’est réfugié chez Noël, toujours affairé à la construction de son bateau : il se montre si perturbé par ses interrogations intimes et existentielles qu’il n’est plus en mesure d’assurer son service religieux.

Effroi et panique chez les bigotes du village ! On parle même de s’en aller quérir l’évêque ! Car enfin, où donc tout cela va-t-il mener ? Plus de maire, plus de curé, des danses endiablées, des amoureux qui vivent dans le péché et des enfants sans père… N’est-ce pas tout bonnement le signe d’une malédiction lâchée sur Notre-Dame-des-Lacs ?
un chef d'oeuvre!


Tranche(s) de vie(s)
Magasin Général est né de la volonté de deux auteurs chevronnés de travailler ensemble, mettant de côté leur éventuel égo pour créer une œuvre forte dont chacun des tomes laisse la délicieuse impression de retrouver des amis trop longtemps perdus de vue. Ecrivant le scénario à quatre mains, chacun se centre pour le dessin sur l’étape qui lui apporte le plus de plaisir : Régis Loisel dans le découpage, les cadrages et la mise en scène précise de ses « acteurs ». Jean-Louis Tripp dans le crayonné tout en rondeur et en douceur qui rend les personnages de l‘histoire tellement attachants. A ce duo d’auteurs et dessinateurs, il faut ajouter un troisième personnage tout aussi talentueux : François Lapierre. Ce coloriste émérite apporte ses délicieuse couleurs aux sublimes planches concoctées par ses deux comparses. Il parvient par ses couleurs sublimes à faire ressentir le froid, l’odeur du feu de bois crépitant dans la cheminée, celle des feuilles mortes se décomposant lentement, les rires des enfants, le silence parfois pesant de la nuit et le crissement de la neige sous les pas… Graphiquement, Magasin Général est un enchantement.

Côté scénario, Régis Loisel et Jean-Louis Tripp prouvent si besoin était qu’il n’était nul besoin d’actions, de rebondissements, de cliffhanger haletants ou d’un suspens effrayant pour créer une histoire à la fois forte, juste et prenante. Il suffit d’une poignée de personnages attachants, de l’humour et… d’une pincée d’amour. Car le fait est que l’on ressent l’affection de ces deux auteurs pour ces êtres de papier qui nous livrent une tranche de leur vie, de leur peurs, de leurs tristesse mais aussi et surtout de leur joie, de la beauté simple d’une vie simple, loin du fracas de la ville et de la société de consommation déshumanisée.

L’hiver est donc revenu sur Notre-Dame-des-Lacs et les hommes ont repris le chemin de la forêt, laissant femme et enfant dans la douceur du foyer. Les dernières notes de charleston se sont éteinte et le calme semble revenu sur le village. En apparence du moins! Marie, qui s’est toujours crue stérile, est enceinte. Qui d’Ernest ou son frère Mathurin en est le père ? Peu importe en vérité. Un ‘ti cul devrait prochainement voir le jours! Pendant ce temps, Réjean, le jeune curé du village, traverse une crise de foi et refuse d’assurer tout service religieux, laissant ses ouailles quelque peu décontenancées… Un village sans maire, c’était déjà beaucoup, mais si en plus le curé fait faux bond!
Le lecteur retrouvera avec ce huitième opus tout ce qui fait le charme de cette série : des personnages hauts en couleurs qu’il a appris à connaître au fil des tomes, qu’il a vu changer, évoluer, surmonter les accidents de la vie. L’humour, le parler québécois et cette poésie si particulière sont bien sur au rendez-vous de cet album qui se lit avec un plaisir évident, suivant le narrateur, le mari décédé de Marie, qui porte sur sa femme un regard plein de tendresse infiniment touchant.

Ce huitième tome devait normalement clore la série mais il sera finalement suivit d’un neuvième album, pour éviter un huitième tome trop volumineux. Etrangement, c’est avec un certain pincement au cœur qu’on quittera Notre Dame des Lacs et ses si attachants habitants, abandonnant cette poignée d’hommes et de femmes dont on suit la vie depuis 2006.
Le Korrigan




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