Florent Maudoux est un jeune dessinateur dynamique et inventif qui a fait souffler un vent de fraîcheur sur la BD avec Freaks' Squeele, une série déjantée se déroulant dans une école d’apprentis super-héros. Porté par un incroyable dynamisme scénaristique et un remarquable un sens du mouvement et de la mise en scène, il a su captiver de nombreux lecteurs, jeunes et moins jeunes. Fort de son succès (amplement mérité), il répond aux attentes des fans en créant des spin-off centrés sur certains personnages emblématique de la série, permettant de prolonger le plaisir tout en étoffant son univers déjanté…
Après l’enfance de Xiong Mao (Freaks' Squeele Rouge), il nous entraîne dans celle de Funérailles, le plus énigmatique et inquiétant professeur de la prestigieuse Faculté des Études Académiques des Héros (la F.E.A.H. quoi!)…
Après un titre clin d’œil au chef d’œuvre des Creedence Clearwater Revival, le scénariste et dessinateur lorgne du côté des Stones et de leur ébouriffant (et inquiétant) Painting Black…
On retrouve donc l’itinéraire parallèle des deux jumeaux séparés à la naissance. Scipio, destiné à glorieux avenir, suit de brillantes études dans une école prestigieuse auprès de professeurs émérites alors que Pretorius, défiguré à la naissance, suit un entraînement militaire intensif et avilissant. Mais tous deux poursuivent envers et contre tous leur objectif commun d’être les hérauts d’une apocalypse qui dévastera le monde vieillissant et corrompu de REM. Pendant ce temps, leur mère, la Veuve Noire , pleure la perte de son homme et semble peu à peu perdre les pédales…
Ce second opus de Funérailles est une fois encore une réussite graphique et scénaristique indéniable. Dense et foisonnant, avec en ligne de mire la série-mère, L’enfance de Funérailles (Pretorius )et du futur directeur de la F.E.A.H. (Scipio) se lit avec délectation. On sait quelle place ils occupent dans l’académie mais les circonvolutions qui les entraîneront à occuper ces deux postes prestigieux font tout le sel de ce spin-off sombre et captivant. Florent Maudoux tisse sa toile en développant de nombreux arcs narratifs qui pourrait paraître indigeste si l’ensemble n’était pas parfaitement maîtrisé…
L’album est une fois encore un régal pour les yeux, de sa couverture somptueuse à ses planches élégantes et fourmillant de détails, Flaurent Maudoux soigne son lectorat. Son dessin très dynamique, rehaussé d’une colorisation discrète mais efficace, est incontestablement l’une des forces de cet auteur audacieux et inventif. Il continue ses expérimentations graphiques lors des scènes de combats mettant en scène Pretorius ou Scipio pour un résultat aussi fulgurant qu’efficace.
Pain in black et un album dense et captivant, certes sombre mais néanmoins rafraîchissant. Comme toujours truffé de références multiples et variées, la construction narrative du scénario, porté par une narration parallèle, évoque un peu le générique de la série Amicalement Vôtre de Robert S. Baker. Comment Florent Maudoux parvient-il à sortir des albums à ce rythme effréné sans nulle baisse de qualité? Le mystère reste entier … Mais une chose est sûre : vivement la suite!