DoggyBags revient avec un sixième opus placé sous le signe du sexe, de la violence et de l’hémoglobine. Avec Run et Céline Tran aux commandes, Jérémie Gasparutto, Florent Maudoux et Guillaume Singelin signent chacun un chapitre de l’histoire horrifique de Heart Breaker, une sepulkre mue par un profond désir de vengeance…
Loas Angeles, la cité des anges…
Heart Breaker s’ouvre sur un tournage X qui va glisser vers un snuff-movie horrifique et sanglant… Le second chapitre propose de découvrir les origines, la mort et la renaissance de l’héroïne alors que le dernier la voit se confronter à un puissant vampire…
L’association de Run et de l’icône trash qu’est Céline Tran (alias Katsuni) offre un scénario nerveux et sanglant. Le odyssée de Heart Breaker évoque celui de la Béatrix du
Kill Bill de Quentin Tarantino, le tout fortement teinté de vampirisme gore et de porno trash, inscrivant le récit dans la plus pure tradition des controversés rape and revenge. On retrouve dans ces pages ce qui faisait le sel de chaque numéro de Doggy Bags, un cocktail outrancier de violence, d’hémoglobine et d’horreur avec ces différents niveaux de lectures qui apporte un fond appréciable à chaque récit… Cependant, si l’ensemble de ce sixième tome est des plus honorables, il manque ce délicieux twist remettant l’histoire dans une toute autre perspective…
L’expérience de Céline Tran apporte au récit sa crédibilité dans les scènes de tournage qui dérapent vers le gore, l’horreur en inscrivant le récit dans le chanbara sanglant… La scène où la jeune Celyna désireuse de découvrir de nouvelles expériences est transformée en vampire est d’une force et d’une crudité saisissante… Le parallèle, audacieux mais particulièrement pertinent, fait entre l’industrie du porno et le vampirisme confère toute sa force et son intérêt à ce récit à quatre mains…
Le premier chapitre est une mise en bouche classique et sanglante qui vaut surtout pour son formidable traitement graphique signé Jérémie Gasparutto. Le second, grand flash-back dans le passé de l’héroïne, est déjà scénaristiquement plus convaincant, et le trait énergique de Florent Maudoux, avec ses délicieuses expérimentations graphiques, s’avère particulièrement efficace. Le dernier chapitre, plus dense et magistralement mis en image par Guillaume Singelin, s’avère plus subtil et plus convaincant encore, l’idée des grands crus façon bourgogne étant particulièrement savoureuse…
Chaque dessinateur s’est approprié du personnage principal dont l’apparence évoque celle de Katsuni pour en donner une version personnelle particulièrement convaincante, chacun apportant sa propre vision, développant par petites touches un personnage complexe et ambigu. Comme toujours, articles et publicités complètent l’ensemble, esquissant les contours d’un univers inquiétant où le fond et la forme se rejoignent de façon saisissante…
Ce sixième opus de Doggybags est un hommage appuyé au Grindhouse qui propose une version trash du vampirisme en exacerbant l’ambivalence de ces créatures attirantes et répugnantes, mêlant de façon inextricable sexe et violence pour un récit horrifique. Ce premier récit nous l’espérons une suite pour étoffer le personnage de Celyna et sa sanglante épopée … Ce n’est peut-être pas le meilleur des Doggybags mais cela reste tout de même un très bon opus…