l'homme aux tatouages clôt le diptyque amorcé avec
L'homme aux couteaux narrant la vie de la jeune Amélie Élie qui entra à la postérité sous le nom de Casque d’Or. Contrairement au chef d’œuvre de Jacques Becker avec Simone Signoret dans le rôle-titre, Laurent Galendon et Kas reviennent collent au plus près de la réalité de ce que fut la vie de cette femme libre et farouchement indépendante.
L’action prend place dans le Paris de la Belle Epoque, où les Apaches, comme les surnommèrent les journalistes Arthur Dupin et Victor Morris, font régner la terreur. Peu tenté par la vie morne de ses parents qui se tuent à la tâche, Amélie Élie s’est laissé séduire par Matelot. Mais ce dernier n’aspire qu’à une petite vie rangée et Amélie a besoin de quelqu’un qui voit les choses en grand et qui la fasse rêver. Après avoir passé quelques temps dans les draps d’Hélène de Courtille qui lui apprit les ficelles du métier de fille de joie qu’elle prit très à cœur, Amélie la quitte, lassée de sa jalousie maladive. Elle se retrouve dans les bras vigoureux et protecteur de Manda un chef de gang craint dans le milieu… Mais, lassée des infidélités de ce dernier et mise en garde par son premier amant, elle le quitte lui aussi… Elle rencontre alors Leca avec qui elle va vivre une folle passion… Mais Manda compte bien laver son honneur dans le sang et, pour les beaux yeux et les formes généreuses de Casque d’Or, les deux chefs de gangs vont se livrer une guerre sans pitié qui va faire les choux gras des journaux à sensation…
Laurent Galandon s’empare du personnage de Casque d’Or pour immerger le lecteur dans le Paris du XIXième siècle. Porté par des dialogues marqués par un usage de l’argot parisien, son récit romantique est plein de verve.
Son personnage, farouchement libre de toutes entraves, pourra apparaître comme une suffragette avant l’heure, revendiquant sa liberté et désirant vivre une vie intense bien que dangereuse. L’aspect manipulatrice d’Amélie est ici quelque peu estompée alors qu’on peut légitimement supposer qu’elle a manipulé Leca pour se venger de Manda.
Une fois encore, Laurent Galandon s’appuie sur un personnage, bien réel cette fois-ci, pour brosser le portrait d’une époque finalement assez méconnue.
Le dessin plein de volupté et la mise en couleur sompteuse de Kas est une fois encore d’une redoutable efficacité, contribuant grandement à recréer cette ambiance si particulière de cette époque prétendument belle. Epoque de contrastes ou le faste des progrès économiques et sociaux contraste fortement avec la misère et la violence de la rue. Le chapitrage de l’album, dont chaque tête de chapitre est une (fausse) une du Petit Journal, accentue l’immersion dans cette époque qui vit fleurir les journaux à sensations qui créèrent la légende de Casque d’Or.
La Fille de Paname est un diptyque romantique captivant qui immerge le lecteur au cœur du Paris de la Belle Epoque, entre ombres et lumière, pour suivre le destin d’une femme désireuse de choisir sa vie plutôt que de la subir…