Les commémorations du début de la Grande Guerre semblent avoir ranimé la flamme de l’inspiration chez bon nombre d’auteurs du neuvième art… Et quand cela engendre un album aussi captivant que La Patrouille des Invisibles, on ne peut que s’en réjouir!

Né dans une famille de bourgeois, Hubert a très tôt fait le rêve d’Icare. Après avoir noyé son rêve dans les vapeurs d’alcool et les bras des filles faciles, il rencontre Louise. Il est transfiguré par cet amour et reprend sa vie en main pour filer le parfait bonheur… Mais la folie de la guerre qui embrasa le monde aller bouleverser leurs vies. Car si ses exploits aériens firent vite la une des gazettes, Louise, rongé par le poison de l’inquiétude, fini par se lasser de trembler chaque jour et préfère le quitter… Sans elle, désormais, la vie était vide de sens et ne valait plus le coup d’être vécu… Tenté un temps par son pistolet d’ordonnance, il décide de prendre un dernier envol, pour un ultime combat… Abattu en vol, il survit miraculeusement et est recueilli par une surprenante escouade de poilus atypique qui tentent tant bien que mal de survivre au cœur des tranchées… Mais si la guerre a mis la vie de certains entre parenthèse, le passé peut parfois refaire surface…

Olivier Supiot signe là un album de toute beauté, porté par son dessin expressionniste si envoûtant. Il parvient à poser une ambiance captivante avec maestria et une apparente simplicité. Son récit met en scène des figures hautes en couleur qu’il parvient à camper avec une aisance déconcertante… Deux personnages se détachent de cette galerie : Titan, fantôme qui risque chaque jour sa vie dans le no man’s land qui sépare les tranchées des belligérants et Hubert Lessac dont on suit la vie en condensé. Le scénario, classique en apparence, est empreint de romantisme et de mélancolie. Il donne à voir la guerre à hauteur d’homme. Loin des grands mouvements de troupes, il s’attache à ces destins foudroyés et ces vies mises entre parenthèse le temps d’un conflit. Ces poilus sont des héros ordinaires, le temps d’une guerre… Mais ce sont avant tout des hommes, avec un passé et, pour certains, un avenir, qui sera à jamais marqué par le spectre de la mort de de la guerre…

La Patrouille des Invisibles est un récit plein d’humanité solidement charpenté. Si le lecteur sera tout d’abord séduit par le magnifique dessin d’Olivier Supiot, c’est l’histoire qui l’envoutera bien vite par sa justesse, son rythme, ses rebondissements impromptus et les différentes ambiances qu’il parvient à retranscrire avec un incroyable talent… La Grande Guerre n’a pas fini de faire couler de l’encre mais cet album sombrement romantique fera sans nuls doutes date…