Comme son titre l’indique,
Clochette au Pays des Merveilles s’empare du séduisant personnage de Clochette pour l’immerger dans l’univers foisonnant sorti de l‘imagination fertile et teintée d’une ironie féroce de Lewis Carroll… Etrange rencontre des univers de deux romanciers dont les films d’animation de Disney ont quelque peu édulcoré les œuvres… Crisse et Robi Pena revisitent ces deux univers, non sans faire appel aux personnages de Lyman Frank Baum (le Magicien d’Oz) ou de William Shakespeare (Songe d’une nuit d’été)…
Clochette volette au-dessus des rues de Londres à la recherche de Peter Pan. Elle croît l’apercevoir se réfugier dans une veille librairie poussiéreuse et se faufile sous la porte pour l’y retrouver… Las! le libraire, qui a quelque peu abusé du tord-boyau de son ami Edgar Allan, tente de la capturer en refermant sur elles les pages d’un livre… Mais la fée semble avoir disparue… Elle a été projetée dans l’univers fou et insensé du livre,
Alice in Wonderland d’un certain Lewis Caroll… Dans ce pays joyeusement azimuté, sa poudre de fée ne fonctionne plus… Seule une certaine Alice, venant elle-même d’un autre monde, semble pouvoir lui venir en aide… Pour ne rien arranger, la présence de Clochette au pays des Merveilles semble perturber et mettre en péril le fragile univers des contes…
La superbe couverture de l’album cache un conte fantastique qui mélange allégrement différents univers, s’inspirant des œuvres de plusieurs auteurs, sans pour autant les dénaturer, pour créer une histoire originale. Le scénario, s’il n’est pas dénué de charmes, manque un poil de profondeur, les péripéties s’enchaînes un peu à la manière de celles rencontrée par Alice, les allusions satyriques qui faisaient son charme et son mordant en moins.
Mais la force de cet album réside surtout dans son graphisme réalisé à quatre mains. Alors que Crisse se chargeait des personnages avec le talent qu’on lui connaît, Gabriele Pennachioli (alias Robi Pena) s’attaquait aux décors et à la colorisation… On reconnaît indéniablement le trait sensuel de Crisse dans sa clochette, plus sexy que jamais et les décors concoctés par Robi Pena s’avèrent être très élégant. A quatre mains, ils ont su créer un univers, magnifié par les couleurs qui distillent la féérie à la pointe des pinceaux. Les effets de lumières et les décors savamment floutés, confèrent à l’ensemble une impression de mouvement et les cases de l’album semblent tout droit sortis d’un film d’animation tant elles semblent prêtes à s’animer et prendre vie sous nos yeux…
Clochette au Pays des Merveilles réunit le talent de deux artistes pour créer une histoire originale aux images somptueuses. Le processus créatif décrit dans un petit dossier complétant l’album s’avère des plus intéressant mais ce cross-over féérique pêche au niveau de l’intrigue qui aurait mérité d’être plus qu’une simple suite de péripéties, certes joliment mises en scènes, mais manquant parfois de relief…