


Avec le
Troisième Testament, Xavier Dorison et Alex Alice inauguraient un formidable récit d’aventure sur fond d’ésotérisme et de mystique chrétienne. Sept années après la conclusion de la tétralogie, les auteurs revenaient avec Julius, qui mettait en scène Julius de Samarie, le prophète oublié évoqué dans la série-mère.
Le « Sar Ha Sarim » a renoncé à accomplir sa quête et son destin. Il s’en est reparti en Judée pour pour prendre les armes contre l’envahisseur romain et libérer son peuple. Julius a achevé seul l’ascension de la montagne sacrée où il a exhumé le rouleau contenant le Troisième Testament, dernière alliance entre Dieu et les hommes… Mais seul son ami que certains considèrent comme le Messie annoncé par les écritures est digne de l’ouvrir et de briser les sept seaux.
Grisé par ses victoires, libérant une à une les villes des romains, Sayn croit de plus en plus être le Prince des Princes. Sourds aux demandes de Livia, la fille de Julius qui est devenue son amante, il compte poursuivre la lutte, ne pas se contenter de libérer son peuple mais libérer l’ensemble de ceux qui ont été asservis par les légions romaines… Pour se faire, il va refuser tout compromis avec l’Empereur…

Le récit qui met en scène deux personnages riches et complexes que tout oppose est aussi un formidable récit initiatique. L’un comme l’autre va voir sa vie, ses croyances et ses convictions profondément bouleversés par leur rencontre. Julius Publius Vindex, général, légat de Rome et persécuteur des chrétiens va devenir le prophète du Troisième Testament alors que Sayn deviendra peu à peu le Prince des Prince que tout le monde voit en lui…
Un formidable souffle épique plane sur ce quatrième tome de ce récit historico-mystique signé par Alice et Dorison et somptueusement mis en image par Thimothee Montaigne. Cet album, tout à la fois dense et captivant, s’avère des plus spectaculaires avec des scènes d’action de haute tenue et d’autres faisant la part belle aux sentiments exacerbés ressenties par les différents protagonistes.
Le trait élégant du dessinateur qui a succédé à Robin Recht à partir du second tome de la série est remarquable de précision. Il se dégage de ses planches, story-boardé par Alex Alice, une puissance saisissante tout en faisant la part belle à l’émotion. Son travail sur les regards, incroyablement expressifs, est impressionnant de maîtrise alors que son encrage est tout juste superbe. Le découpage des planches, rehaussées par les couleurs de François Lapierre, comme toujours de haute tenue, s’avère bougrement efficace et très cinématographique.
A un tome de la conclusion, ce formidable récit épique d’inspiration christique conserve sa force et sa fraîcheur. Peu à peu, la mystique du Troisième Testament prend corps, esquissant la jonction avec la série-mère pour notre plus grand plaisir… Ce prequel, qui était en germe dans la tétralogie originale et qui met en scène ce prophète oubliée qu’est Julius de Samarie conserve toute la force et s’il peut se lire indépendamment de la série-mère, la lecture de la Tetralogie lui confère bien évidemment une dimension supplémentaire des plus appréciables…