Après un premier tome captivant menée de main de maître par Xavier Dorison et superbement mis en image par l’immense Ralph Meyer, c’est peu dire que beaucoup attendait avec impatience cette macabre
danse des vautours.
Jonas Crow, Rose et Lin risquent leur vie pour ramener la dépouille du vieux Cusco, fourrée aux pépites d’or, dans la mine qui fit sa fortune… Ils n’ont que trois jours pour parcourir 50 miles à bord d’un corbillard, sans quoi l’otage sera exécuté. Poursuivis par la foule hostile des mineurs d’Anoki City désireux de mettre la main sur ce magot qui, selon eux, leur appartient de droit, leur route est semée d’embûches… Toute personne tenant un tant soit peu à la vie aurait laissé le cadavre en plan pour se carapater avant que les choses ne tournent au vinaigre… Mais Jonas Crow n’est pas vraiment de ceux-là…
La couverture du premier tome d’
Undertaker attirait d’emblée le regard et tout amateur de western ne pouvait s’empêcher d’ouvrir l’album, d’autant qu’en tête d’affiche figurait les noms de Xavier Dorison et de Ralph Meyer, deux pointures du neuvième art. Celle du second album, superbement cadrée et mise en image s’avère plus somptueuse encore…
On retrouve avec plaisir le personnage de Jonas Crow, croque-mort désabusé et misanthrope au passé trouble ne se faisant plus trop d’illusions sur le genre humain. Avec un cynisme assumé, il traîne son corbillard, accompagné de son fidèle vautour. C’est plus par jeu que par appât du gain que notre croquemort escorte donc le cadavre du vieux grigou en compagnie de la gouvernante anglaise et de la domestique dans un canyon écrasé par un soleil de plomb… La discrète Rose va-t-elle conserver ses valeurs désuètes ou laisser l’ouest sauvage corrompre son âme comme il a meurtrit son corps?
Le scénario énergique concocté par Xavier Dorison est riche en péripéties et pour le moins fertile en rebondissements. Rythmé par des réparties cinglantes et truffées d’humour noir, il est mené tambour battant. Que de monde qui s’agite autour d’un cadavre! Quel est l’identité du mystérieux otage qui sera abattu si le trio ne mène pas sa mission? Entre l’armée qui tente de démêler le vrai du faux dans les dires de certains, des mineurs prêt à tout pour mettre la main sur leur or et des personnages troubles qui avancent masqués, le moins que l’on puisse dire c’est que le scénariste ne ménage pas personnages! Pour le plus grand plaisir des lecteurs il est vrai!
Côté dessin, on retrouve le trait virtuose de Ralph Meyer, rehaussé par une colorisation de haute tenue signée Caroline Delabie. Les planches, une fois encore remarquablement bien découpée, sont d’une grande fluidité et le cadrage, résolument cinématographique, sert l’histoire de façon saisissante… Après l’excellent
Asgard, déjà scénarisé par Dorison, le dessinateur signe un diptyque de toute beauté
La danse des vautours clôt ce premier diptyque d’Undertaker de la plus belle des façon, avec une fin accrocheuse qui donne une furieuse envie de lire la suite.
La mécanique scénaristique de cette course poursuite échevelée, rythmée par des scènes d’action violences et des punchlines savoureuses, est parfaitement maîtrisée, de même que le somptueux dessin du virtuose Ralph Meyer.
Respectant les codes du genre, Undertaker est un hommage aux classiques du western… Avec Sykes (de Dubois et Armand), Stern (des frères Maffre), Buffalo Runner (de Tiburce Oger) et Undertaker, 2015 aura décidemment été un grand cru pour les amateurs de (bons) western!