Entamer un nouveau Doggybag, c’est toujours un moment privilégié… On coupe son téléphone (pour ne pas être dérangé), on a couché les monstres (ou perdu dans la forêt en ayant vidé leurs poches de petits cailloux blancs), on s’installe confortablement dans un fauteuil, avec une lumière tamisée… Et on sait qu’on va passer un excellent moment délicieusement horrifique avec trois nouvelles histoires mêlant avec subtilité frissons, horreur et suspens…

Sztybor et Ivan Shavrin ouvrent le bal avec Unlucky qui met en scène des membres de l’unité d’élite des Lucky Finders chargée de combattre tout signe de malchance et qui débarquent chez vous avec armes et fracas sur simple dénonciation d’un sympathique voisin…

Puis viennent Mojo et Simon «Hutt» T. qui mettent en scène une vendetta nécessairement sanglante menée par un mort contre la mafia russe newyorkaise…

Valérie Mangin et Thomas Rouzière referment le bal avec Motor City qui met en scène un Détroit sinistré par la crise où une bande d’orphelins s’efforcent de survivre alors qu’un photographe compatissant s’intéresse à leur triste sort…

De nombreuses fausses pubs pleines de cynisme et de mauvais-goût viennent s’intercaler entre les récits avec des articles plus sérieux souvent édifiants précisant le contexte des histoires… Tanguy Mandias signe une nouvelle sordide et glaçante rondement menée…

Que du Bonheur… enfin, que de l’horreur devrions-nous dire… Dans un style graphique et scénaristique très différent, chacune des trois nouvelles est un petit bijou de conception mêlant avec une inventivité diabolique différentes influences parfaitement digérées, le tout lié avec une bonne dose d’hémoglobine... Chacune appâte le lecteur dès les premières pages, le ferre pour s’assurer que l’hameçon s’enfonce bien sauvagement dans sa chair, avant de le prendre en traître avec un retournement gore et impromptue qu’il guette avec frénésie mais qu’il ne voit jamais venir…

Ce dixième tome de Doggybags est une fois encore une petite merveille de cynisme, de violence, d’horreur, de suspens et de mauvais goût… Chacun des trois récits proposé est porté par un dessin acéré au style affirmé qui met en image avec virtuosité des scénarios délicieusement sanglants. Véritable bac à sable pour scénaristes et dessinateurs, Doggybags frappent fort, très fort…
Mais… car il y a un « mais », une ombre au tableau qui vient ternir la joie qu’on a de retrouver ce fascicule, véritable concentré de Grindhouse : le compte à rebours est lancé… plus que trois numéros avant que la série n’arrive à son terme… Si ce n’est pas du condensé d’horreur pour les fans, qu’est-ce?