C’est avec un plaisir malsain et jubilatoire que l’on a déchiqueté l’emballage de ce onzième DoggyBags, série pulp d’horreur gore… Mais c‘est aussi avec un petit pincement au cœur puisque le tragique compte à rebours résonne immanquablement : ce numéro est l’antépénultième de la série et il ne reste plus que deux numéros avant la fin… Une série horrifique quoi!
Une fois encore, trois récits savamment calibrés avec une bonne dose d’horreur et d’hémoglobine…
David Hasteda et Ludovic Chesnot ouvrent le bal avec
Carcharodon un récit très sea sex and sun, mais avec des squales en sus... Un groupe de touristes en mal de sensations fortes s’apprêtent à plonger au milieu de squale à bord d’un bateau piloté par deux vieux loups de mer… Question sensations fortes, ils seront servis dans cette plongée en eaux troubles dans les méandres inquiétants de l’âme humaine. Le scénario s’avère particulièrement prenant, avec une tension qui va crescendo, atteignant rapidement le point de non-retour, le tout mis en scène par Chesnot avec un incroyable dynamisme…
Valérie Mangin rempile avec
Sagrado Torazon, un récit joliment mis en image par un Loïc Sécheresse très inspiré… Lucho a échappé de peu à un règlement de compte entre gangs rivaux. Il fait appel à son ex, fille d’un parrain local qui va l’aider à se mettre au vert… Mais la vengeance est un plat qui se mange froid… voir totalement refroidi… On se laisse prendre par ce récit glaçant mis en image avec inventivité… Le twist nous immerge sans coup férir au cœur de l’horreur…
A nouveau signé par Hasteda, le dernier récit est dessiné par Baptiste Pagani.
Prizon nous entraîne dans l’univers carcéral d’une prison haïtienne… La foule grondante met la prison en état de siège, réclamant que les autorités lui livre un meurtrier et bourreau d’enfant… Le prisonnier a beau clamer son innocence, rien n’y fait… Répondant aux suppliques d’une mère éplorée, une prêtresse vaudou vient pour rendre justice… Et quand le vaudou s’en mêle, on atteint rapidement un niveau d’horreur débridé… Le trait nerveux et dynamique de Pagani fait merveille alors que le twist final nous prend une fois de plus au dépourvu…
A ces trois graphic novels cinglantes s’ajoute Annie, une nouvelle de Tanguy Mandias bien dans le ton de
Sagrado Torazon et un court récit mettant en scène Mutafukaz signé par Run, chef d’orchestre de la série… Et les traditionnelles fausses pubs décapantes et autres jeux de très mauvais goûts…
Ce onzième opus de DoggyBag est toujours un petit chef-d’œuvre d’humour noir, d’horreur et de mauvais goût dans lequel les auteurs lâche la bribe à leurs penchants gores et morbides pour nous livrer des récits finement ciselés et mis en image avec une liberté graphique rafraîchissante…
Pourquoi, mais pourquoi faut-il que Doggybags s’arrête dans deux tomes?