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Au fil de l'eau
Au fil de l'eau



Fiche descriptive

Roman Graphique

Juan Diaz Canales

Juan Diaz Canales

Juan Diaz Canales

Rue de Sèvres

14 Septembre 2016


17€

9782369813095

Chronique

Niceto octogénaire passe sa retraite entouré de sa bande de vieux copains, de son fils Roman et de son petit-fils Alvaro.

Dans l’Espagne marquée par la crise, le quotidien n’est pas simple. Il devient réellement inquiétant lorsque les amis de Niceto commencent à mourir les uns après les autres, dans des circonstances de plus en plus étranges et violentes…
un chef d'oeuvre!


La vieillesse est un naufrage (*)
Au fil de l'eau, planche de l'album © Rue de Sèvres / CanalesLes lecteurs francophones ont découvert Juan Diaz Canales lors de son arrivée fracassante dans le neuvième art avec Blacksad, polar antropomorphique diablement bien écrit et superbement mis en image par Juanjo Guarnido. Si on connaissait le Canales scénariste (Fraternité avec l’immense José-Luis Munuera ou Sous le Soleil de Minuit, reprise audacieuse et réussie de Corto Maltese mise en image par le talentueux Ruben Pellejero…), on ne connaissait pas encore le Canales dessinateur… Et, dès les premières pages d’Au fil de l’eau, on comprend qu’il fait plus que maîtriser son sujet…

L’album s’ouvre sur une barque flottant à la dérive sur l’étang du Parc du Retiro… A son bord un vieil homme mort, recroquevillé, et deux rats qui dissertent sur la fragilité de la vie… Le cadavre est celui de Longinos, l’ami de Niceto, le père du médecin légiste venu constater le décès… Une chose est sûre : il est mort assassiné…

Au fil de l'eau, planche de l'album © Rue de Sèvres / CanalesDans une Espagne sinistrée par la crise, le quotidien n’est pas simple et Niceto et ses amis sont contraints de vivre de petites combines, flirtant avec l’illégalité… Et tout se complique alors que les membres de cette joyeuse bande d’octogénaires commencent à mourir les uns après les autres… Est-ce à cause de cet étrange secret qu’ils partagent et portent comme un fardeau…


Juan Diaz Canales signe un polar social grinçant et atypique…
Ecartelées entre la tragique réalité et le rêve incarné dans ces deux rats, les premières planches de l’album ne sont pas sans évoquer des digressions oniriques chères à Hugo Pratt et à son gentilhomme de bonne fortune… Le récit est mené de main de maître et entraîne le lecteur dans un polar social atypique mettant en scène des vieillards tentant tant bien que mal de survivre à la crise et au lourd secret qu’ils souhaiteraient emporter dans la tombe.

Au fil de l'eau, planche de l'album © Rue de Sèvres / CanalesAvec un talent saisissant, Juan Diaz Canales met en scène une galerie de personnages profondément humains… Un soin tout particulier a été apporté au lien unissant Niceto, anticlérical fanatique qui a combattu la dictature de Franco, à Roman , son fils médecin et fervent catholique, et à Alvaro, son petit-fils en passe de devenir père à son tour…

L’intrigue monte en puissance au fil des pages alors que Roman et Alvaro cherche à protéger le vieil homme de la menace qui plane sur lui et ses amis... Peu à peu, le lecteur perd ses repères alors que le fantastique s’insinue dans le moindre interstice sous la forme de fantômes des vieillards assassinés qui reviennent s’entretenir avec leurs amis… Le récit devient plus sombre, au fil des pages, s’enfonçant à chaque fois plus profondément dans les tréfonds inquiétants de l’âme humaine… Mais l’album s’achève sur une note résolument optimiste avec une vie qui s’achève et une autre qui commence…

Au fil de l'eau, planche de l'album © Rue de Sèvres / CanalesPlein d’audaces, le scénario solidement charpenté et parfaitement maîtrisé de Juan Diaz Canales est superbement mis en image par ses soins… En plus d’être un scénariste talentueux, il fait montre d’une grande maîtrise graphique, tant dans la composition impeccable de ses planches que dans son trait souple et son encrage soigné…

Depuis son premier album, on savait que Juan Diaz Canales était un formidable scénariste… On sait désormais qu’il est aussi un dessinateur chevronné… D’autant qu’il n’a pas choisi la facilité en optant pour un album entièrement en noir & blanc…

Avec au fil de l’eau, il signe un polar social mordant et atypique mettant en scène une série de meurtres d’octogénaires dans une Espagne gangrénée par la crise. Au fil de l’album, le récit se fait plus sombre et plus profond, mettant en scène avec un angle original et grinçant l’issue fatale de toute vie, nous rappelant combien il est important de profiter du temps, toujours trop court, qui nous est offert… Comme le disait Pierre Desproges : « Vivons heureux en attendant la mort »…


(*) citation de Chateaubriand souvent attribuée à Charles De Gaulle
Le Korrigan




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Inspiration jeux de rôle

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