Après le troublant
Réalités Obliques, Clarke nous entraîne à présent dans ses tourmentés
Mondes Obliques… Comme l’avait souligné André Gide, « l’Art né de la contrainte, vit de luttes et meurt de liberté».
Comme pour
Réalités Obliques, Clarke s’est imposé un cadre rigide: réaliser des histoires courtes en quatre planches carrés de quatre cases chacune. Telle est la contrainte que l’auteur s’est imposé… Pour ce qui est de la lutte, elle semble être celle du quotidien, un combat perdu d’avance pour chasser ces idées noires qui obscurcissent tout et font naître ces angoisses qui nous empêchent de dormir… ou tout simplement de vivre…
Clarke semble tremper sa plume et ses pinceaux dans l’encre de ses tourments pour tisser de courts récits sombres, étranges et décalés… L’atmosphère particulière qui règne sur ceux-ci oscille entre le surréalisme, le fantastique et le réel, se teintant souvent d’une note tragique voire carrément morbide, d’un romantisme désespéré et d’un humour grinçant plus sombre que l’anthracite.
Graphiquement, Clarke signe des planches tourmentées et magnifiques, jouant avec les ombres comme un marionnettiste et usant de cadrages vertigineux qui font basculer la réalité et perdre ses repères au lecteur. Au fil de ses histoires, on sent comme un carcan se resserrer inexorablement autour de nous, nous coupant presque la respiration tant il se dégage de l’album un sentiment diffus de désespoir.
Le livre en lui-même est superbement édité, rehaussé par une couverture sublime et pour le moins intrigante…
Clarke signe un bijou sombre, superbe et angoissant qui donne le vertige.
A travers vingt-cinq récits décalés à la lisière du fantastique et du surréalisme, l’auteur nous entraîne à la suite de ses personnages aux portes de la folie et du désespoir, esquissant les contours d’un monde inquiétant où la lueur vacillante de l’espoir est morte depuis longtemps…
Mondes Obliques est un ouvrage superbement désespéré et parfaitement maîtrisée… Un sombre diamant du neuvième art à ne pas lire les soirs de vague à l’âme ou de solitude…
(*) réference à la Stratégie de l’Inespoir d’ Hubert-Félix Thiéfaine