L’attaque du Fort de Vaux début juin 1916 fait partie des engagements mémorables de la Bataille de Verdun

Blessé à plusieurs reprises depuis le début de la guerre, le commandant Raynal aurait pu profiter d’une retraite de l’armée bien méritée… Il a cependant répondu à l’appel de l’Etat-Major pour prendre le commandement du fort des Vaux situé aux avant-postes des lignes françaises…

Dans des conditions épouvantables, privés de moyens et bientôt d’eau, Raynal et ses hommes vont résister héroïquement aux assauts allemands, s’accrochant à l’espoir de l’arrivée imminente de renforts ou d’une contre-offensive à même de désenclaver le fort…

Après un premier tome aussi édifiant que captivant, Jean-Yves Le Naour continue d’explorer la bataille de Verdun, un des affrontements les plus meurtrier et inutile de l’histoire, même si la France est passée à deux doigts d’une cuisante défaite… Comme le titre l’indique, l’auteur s’intéresse dans ce second opus à la défense héroïque et désespérée du Fort de Vaux…

Comme à son habitude, le propos n’est pas tant de retracer les manœuvres militaires qui ont vu les allemands s’emparer du fort, mais bien de raconter ces tragiques événements à hauteur d’homme, leur conférant ainsi une dimension plus poignante encore…
Solidement documenté, son récit, construit autour du personnage du commandant Raynal, s’avère passionnant, brossant le portrait d’un homme peu commun qui conduisit la défense du fort… Lorsque, coupé de son Etat Major, il fut contraint de déposer les armes, il fut honoré par ses adversaire qui saluèrent son courage et sa ténacité, à commencer par le Kronprinz lui-même qui dirigeait les assauts… Mais Jean-Yves Le Naour prend le soin de s’intéresser aux « à-côtés » de l’histoire, alors que Français et Allemands vont utiliser la résistance héroïque pour manipuler leur opinion à leur avantage… La scène où le Général Nivelle reçoit un soldat venu du Fort des Vaux est particulièrement glaçante, montrant le peu de considération de l’officier pour ses troupes…

Porté par un storyboard efficace signé Marko, le dessin d’Inaki Holgado s’appuie sur de nombreux documents pour reconstituer cet affrontement avec minutie. Son trait nerveux et expressif retranscrit bien l’état d’esprit de Raynal, entre fermeté, espoir, doute et désillusion, accentuant la dimension humaine du récit…

Un dossier comme de coutume fort bien construit vient complète le récit, retraçant et précisant le déroulement des faits et pointant combien cette résistance, aussi héroïque fut-elle, semble au final dérisoire : le fort a été repris quelque mois plus tard, sans combat… les troupes allemandes l’ayant abandonné…

La plume érudite de Jean-Yves Le Naour et les crayons de Inaki Holgado nous démontrent si besoin était combien la BD peut être un formidable outil de vulgarisation en nous entraînant à nouveau au cœur de la Grande Guerre.

Avec ce second tome, il met en lumière l’un des hauts faits d’armes de la bataille de Verdun: la défense héroïque du Fort de Vaux. Comme de coutume, si les faits relatés sont d’une exactitude historique irréprochable, le scénariste féru d’histoire a placé la caméra à hauteur d’homme, ce qui rend son récit particulièrement fort et poignant.