Avec Deguello, Patrick Cothias, Patrice Ordas et Christelle Galland referment leur trilogie western dont l’action se déroule quelques années après le siège de fort Alamo, évènement hissé au rang de mythe…

Louis Moses Rose espérait pouvoir laver son honneur bafoué au cours d’un juste procès. Ancien soldat des guerres napoléonienne, il est accusé d’avoir lâchement déserté avant que ne commence le siège du fort par l’armée mexicaine.

Alors qu’il apparaît que le procès est truqué, il refuse néanmoins la proposition de ses amis de l’aider à s’évader pour défendre jusqu’au bout son honneur de soldat… La sentence n’est pas encore tombée que déjà on s’affaire à dresser le gibet… Les politiciens de Washington qui manœuvrent en coulisse décident de calmer le jeu qui risque de mettre en lumière leurs manigances. Un retournement inattendu lave l’ancien grognard de l’accusation de désertion et Louis Rose accepte alors se faire la belle pour échapper à la pendaison…

Servant ses propres intérêts, le sinistre Masseria va poursuivre Moses et ses compagnons jusqu’aux ruines de l’Alamo, là où tout a commencé… Commence alors le second siège, tout aussi désespéré que le premier… La poudre va parler et le sang va couler…

Prévu originellement en diptyque, les auteurs ont judicieusement opté pour un triptyque, leur permettant de développer plus avant les nombreux arcs narratifs du récit et d’étoffer leurs personnages et les liens qui les relient. Celui de Louis Moses Rose est indéniablement le plus intéressant. Mu par un sens de l’honneur qui parait bien désuet au regard de son époque, il compte mettre un terme à cette sombre histoire à sa façon. Et quelle meilleure façon de finir que de retourner là où tout a commencé, dans les ruines du fort où l’armée mexicaine écrasa la résistance héroïque et désespérée des hommes du colonel Travis?

La scène se déroulant dans les coulisses du pouvoir à Washington vient conclure le récit de façon saisissante, refermant l’aspect politique de l’intrigue et dont Moses fut bien malgré lui l’épicentre alors que l’épilogue accentue l’aspect romanesque du récit

Au fil des tomes, le trait de Christelle Galland a pris de l’assurance. Ses planches gagnent en dynamisme et sa couverture s’avère intrigante à souhait…

Avec audace et efficacité, Patrick Cothias et Patrice Ordas s’emparent du mythe d’Alamo et du personnage controversé de Louis Rose pour écrire un western entraînant qui tel l’ouroboros s’achève là où tout a commencé, dans les ruines chargées d’histoire du fort Alamo.

Les nombreux arcs narratifs entamés avec le premier tome se referment de façon convaincante et le dernier baroud d’honneur de cette vieille moustache se lit avec un réel plaisir…