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Le bruit de la machine à écrire
Le bruit de la machine à écrire



Fiche descriptive

Histoire

Hervé Loiselet

Benoît Blary

Benoît Blary

Steinkis

25 avril 2018


18€

9782368461266

Chronique
Le bruit de la machine à écrire
Un monument de papier

Février 1944. Christa Winsloe, sculptrice auteure hongroise connue notamment pour sa pièce Jeunes filles en uniforme, s’installe à Cluny avec sa compagne Simone Gentet.


La ville est traumatisée par une récente une vague d’arrestations, mais pour elles, la guerre est à l’autre bout du monde… Elles ouvrent un compte en banque, adoptent un chat, correspondent avec la Kommandantur pour obtenir des papiers, s’enivrent dans les cafés, Simone traduit les textes de Christa, la nuit, à la machine à écrire…

Il n’en faudra pas davantage pour qu’on les accuse d’espionnage et qu’on les abatte dans un bois le 10 juin 1944.

En 1948, les responsables de cette exaction sont jugés. Mais on préfère exalter la Résistance, se convaincre que tous en étaient… Verdict : acquittement.

un bon album !


Un monument de papier
Le bruit de la machine à écrire, planche de l'album © Steinkis / Blary / LoiseletS’inspirant de faits réels et glaçants, Hervé Loiselet et Benoît Blary nous entraînent avec ce roman graphique édifiant aux heures sombres de la libération pour une enquête s’intéressant à l’exécution sommaire de l’écrivaine et sculptrice allemande Christa Winsloe et de sa compagne Simone Gentet…

Février 44. Christa Winsloe et Simone Genter s’installent dans un Cluny encore traumatisée par la vague d’arrestations perpétrées par l’armée allemande. Quelques mois après, elles sont enlevées et exécutée sommairement dans un bois des environs par un groupe de résistants…

Après la libération, les responsables de ce double meurtre sont jugés. Le procès sera l’occasion de revenir sur les faits et sur la vie de ces deux femmes et sur ce bruit de la machine à écrire qui a causé leur mort…


Aux heures sombres de la libération…
Hervé Loiselet associe une nouvelle fois sa plume aux pinceaux de Benoît Blary pour signer un récit historique et authentique particulièrement dérangeant… Le bruit de la machine à écrire, planche de l'album © Steinkis / Blary / LoiseletOn sait bien sûr qu’en marge des scènes de liesse de la libération ont eu lieux des exécutions sommaires ou des scènes de lynchages qui, souvent basés sur les rumeurs ou les jalousies, tenaient plus de la vengeance que de la justice… Mais ce récit permet à ces victimes de s’incarner en la personne de deux écrivaines dont l’une était mondialement connue grâce à son Mädchen in Uniform adapté au cinéma en 1931.

Avec finesse, le scénario concocté par Hevé Loiselet démonte l’implacable mécanisme qui a conduit à l’exécution de ces deux femmes… et à l’acquittement de leurs bourreaux, pour glorifier la Résistance. Leur faute : être étrangère, leur aisance, leur correspondance avec la Kommandantur, leur accointance avec « Lesbos », les ragots et les rumeurs… et le bruit de leur machine à écrire qui résonnait chaque nuit… Ces éléments ténus ont suffit à les condamner aux yeux de leurs bourreaux… Pire: d’une certain façon, ces deux femmes ont été tuée deux fois : une première le 10 juin 1944 dans un petit bois. Une seconde lors du procès de leurs assassins qui s’acheva par leur acquittement…

Les superbes aquarelles de Benoît Blary posent avec subtilité cette atmosphère oppressante qui rend le récit plus glaçant encore. Les photos qui servent de support aux longs récitatifs qui viennent préciser le passé de tel ou tel protagoniste accentue l’ancrage historique du scénario d’Hevé Loiselet alors que le dossier qui referme l’album et qui reprend des coupures de presse de l’époque complète le tableau de façon saisissante… Le bruit de la machine à écrire, planche de l'album © Steinkis / Blary / Loiselet


Après leur saga viking (Sigurd & Vigdis) et Legio Nostra, Hervé Loiselet et Benoît Blary se retrouvent pour un récit historique glaçant qui nous entraîne dans les heures sombres de la libération.

Avec finesse, les auteurs reconstituent le climat délétère de l’époque et esquissent en creux le portrait de Christa Winsloe et de Simone Gentet. Ouvertement lesbienne et alors même qu’elle avait fui l’Allemagne nazie, cette écrivaine mondialement connue et sa compagne furent suspectée d’être des espionnes à la solde de l’occupant avant d’être enlevées et exécutées par de pseudo-résistants qui furent tous acquittés lors du procès qui s’est tenu après-guerre.

De par sa structure narrative, l’album s’avère d’exigeant mais tout à la fois édifiant et captivant… A leur façon les auteurs ont dressé à Christa Winsloe et de Simone Gentet un monument de papier qui honore leur mémoire…


J’aimerais bien mon gars. Mais ce que je crois, c’est qu’on en entendra encore parler de ces deux là, même si elles ne sont pas d’chez nous. Le Maire
Le Korrigan




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