Pierre Boisserie et Didier Convard poursuivent leur récit qui nous entraîne dans la France d’après-guerre alors que les stigmates de l’occupation sont encore loin d’être refermée…

Héritier de la droite collaborationniste, Bacchelli continue de tirer les ficelles et d’orchestrer la lutte contre la peste rouge qui menace selon lui le monde occidental…

Il compte utiliser les fiches de renseignements contenant les secrets d’une partie de la population française récupérée à la libération pour faire chanter d’anciens collaborateurs et manipuler ses opposants en distillant de fausses informations pour semer le trouble et la discorde…

Avec ce récit solidement documenté et joliment charpenté, Pierre Boisserie et Didier Convard poursuivent leur remarquable adaptation du roman éponyme de Gérard Deltei. Mêlant habilement fiction et réalité à la manière d’un Dumas, la série brosse le tableau saisissant de la France d’après-guerre à travers le portrait croisé d’une poignée de personnages dont le destin trouble balaye la société française et dont certain ont selon toute vraisemblance été inspirés par des personnages historiques…

Chacun d’entre eux, à sa façon, participer aux bouleversements politiques et sociétaux de la société française, des événements d’Algérie au retour de De Gaulle aux affaires, de la création du S.A.C. en passant par l’arrivée aux affaire de Pompidou ou de Pasqua… Centré sur le sulfureux Bacchelli qui dans l’ombre tire les ficelles, fait et défait des carrières, et parvient à revenir sur le devant de la scène grâce à ses nombreuses fiches de renseignements escamotées lors de la libération, ce présent opus s’avère une fois encore en tous points captivant. Si on y croise des crapules de la pire espèce, des arrivistes prêt à tout pour s’approcher du pouvoir, les personnages qui traversent ce récit sont avant tout des êtres de chair et de sang, pétris de contradictions et par la même profondément et tragiquement humains.

Rehaussée d’un vernis sélectif, la couverture est une fois encore joliment composée, avec au premier plan un Bacchelli semblant danser le flamenco dans une chorégraphie ou les éventails sont remplacés par ses fameuses fiches alors qu’en arrière-plan, tous s’écharpent joyeusement dans son sillage. Stéphane Douay signe un album parfaitement maîtrisé porté par son trait semi-réaliste. Il compose des décors soignés qui immergent le lecteur au cœur des années 50 et met en scène des personnages particulièrement crédibles dont il retranscrit les émotions avec justesse et efficacité… On appréciera à sa juste valeur la colorisation de Marie Galopin qui souligne avec subtilité les ambiances qui émaillent le récit…

Inspirée du roman éponyme de Gérard Deltei, Les Années Rouge & Noire est une série captivante qui entraîne le lecteur dans une époque troublée, alors que les blessures de l’occupation sont bien loin d’être cicatrisées.

Solidement documenté et porté par des personnages en clair-obscur, ce troisième tome nous emmène au cœur des années 50 en mettant en lumière les sombres manigances, malversation et manipulation du sinistre Bacchelli qui fait danser tout le monde avec ses fiches de renseignements…

Pierre Boisserie et Didier Convard signe un nouvel opus en tous points captivant d’autant qu’il est mis en image par les crayons de Stéphane Douay qui nous avait enchanté avec son Don Quichotte (avec Denis Leroux) ou son remarquable Commandant Achab (avec Stéphane Piatzszek)…

Plus qu’un tome pour conclure cette saga historico-politique qui met en lumière les zones d’ombre des Trente Glorieuse.

Marcel s’est tué à cause de vous. Je sais pertinemment que cette fausse fiche est un de vos sales coups!Agnès