Malgré son palmarès hallucinant, Violette Morris a sombré dans l’oubli alors que tout laissait présager qu’elle donnerait son nom à des stades ou des complexes sportifs… Mais sa gloire d’avant-guerre s’est ternie comme bien d’autres dans les années noires de la collaboration… Mais sa légende noire, née sous la plume du romancier et historien Raymond Ruffin est-elle fondée sur des faits avérés? La réalité n’est-elle pas plus complexe qu’il n’y parait? C’est à cette question que Bertrand le Galic et Kris se propose de répondre avec ce portrait saisissant d’une femme hors du commun…
Sportive française parmi les plus titrées de l’histoire, Violette Morris s’est distinguée dans des discipline aussi diverses que la boxe, la natation, le football, l’athlétisme ou la course automobile avant de devenir chanteuse de cabaret et devenir l’amie de Jean Cocteau ou de Joséphine Baker…
Pourtant, le 26 avril 1944, soupçonnée d’intelligence avec l’ennemi, elle meurt au volant d’une traction-avant sous les balles d’un groupe de résistants… Et si la vérité était bien plus complexe que ne le laisse croire les apparences?
Fort de cette certitude, Lucie Blumenthal, ancienne avocate reconvertie en détective privé et amie d’enfance de Violette, décide d’enquêter sur ce personnage hors du commun qui vécut en femme farouchement libre et par là-même, pour son époque, outrageusement scandaleuse…
Violette Morris a indéniablement tout du personnage de roman. Sportive émérite se voulant l’égal des hommes, elle eut un destin hors norme qui devait s’achever tragiquement en avril 44 sur la Nationale 13…
Comme le suggère le titre de ce premier opus,
Première Comparution, Bertrand le Galic et Kris ont associé leurs plumes pour pointer les zones d’ombres de la légende noire tissée après les faits et qui fit de Violette Morris la « Hyène de la Gestapo »… Les deux scénaristes ont une fois encore fait œuvre d’historien en basant leur récit sur de nombreuses recherches pour esquisser le portrait complexe de cette sportive accomplie…
Solidement charpenté, leur récit s’avère d’autant plus passionnant que leur enquête s’incarne en la personne de Lucie Blumenthal, enquêtrice privée bien décidée à mettre en lumière les zones d’ombre de cette tragique affaire afin de comprendre comment une telle femme qui vécut à contre-courant avec rage et passion ait pu se compromettre avec le régime nazi… L’album est complété par un dossier aussi intéressant que passionnant écrit par Marie-Jo Bonnet, historienne et auteur de
Violette Morris, histoire d’une scandaleuse.
Javi Rey fait une nouvelle fois montre de son talent de dessinateur. Représentant Violette Morris à l’étroit dans des vêtements par trop féminin avec en toile de fond des bribes de sa vie, la couverture fait d’emblée montre de la complexité de ce personnage atypique.
Rehaussé par une mise en couleur subtile, son trait plein d’élégance fait ressortir avec finesse l’humanité, la force et les fragilités de chacun des personnages qu’il met en scène, renforçant l’impact du récit…
Après l’édifiant un maillot pour l’Algérie, Bertrand Galic, Kris et Javi Rey se retrouve pour brosser le portrait complexe d’une femme dont la vie a tout du roman tragique…
Sportive accomplie, homosexuelle assumée, héroïne de la première guerre mondiale, Violette Morris, soupçonnée d’intelligence avec l’ennemi, a été abattue par un groupe de résistants en avril 1944… A l’instar de Lucie Blumenthal, les auteurs ne semblent pas partager ce fait communément admis et cherchent à lever le voile sur une vérité enfouie en deçà des apparences souvent trompeuses de l’Histoire…
Amorce d’une tétralogie édifiante et pleine d’humanité, Première Comparution nous invite à découvrir le destin hors norme d’une femme scandaleusement libre et indépendante…
Je voudrais être certaine que Violette Morris n’a pas été tuée, elle aussi, pour ce qu’elle était : une femme comme les autres hommes, homosexuelle, d’une liberté absolue et par la même scandaleuse… Sinon, dis-moi pourquoi nous serions-nous battus?Lucie Blumentahl