Nicolas Jarry associe une nouvelle fois sa plume aux crayons de Jean-Paul Bordier, pour nous narrer le destin torturé de Brum des Errants…
Sous une pluie battante, un nain encapuchonné sollicite une entrevue avec Maître Garem… Mais les gardes de l’arène lui en interdisent l’entrée… L’homme a tôt fait de s’en débarrasser… Il faut dire qu’il n’est autre que le Seigneur Brum, légendaire fondateur de la Légion de Fer, revenu sur les lieux de sa jeunesse, là où tout a commencé…
Il vivait alors avec une bande d’amis dans la fange de Gol-Garsëm, s’efforçant de masquer son intelligence et sa vivacité d’esprit pour ne pas devenir le souffre douleurs de ceux qui n’ont rien…
La légion de fer… Un nom qui claque et qui résonne dans l’esprit des lecteurs qui arpentent les Terres d’Arran à la suite d’Elfes, de Nains ou de peaux vertes inconnues ou illustres.
Après avoir mis en image le récit tragique et poignant d’Oösram, général déchu du Bouclier et de son fils, Dröh, il met à présent en scène le destin hors du commun d’un Errant devenu le fondateur de la mythique Légion de Fer, la glorieuse armée de mercenaire regroupant des parias des différents clans…
Guidés par des récitatifs poignants permettant de mieux cerner la psychologie de ce nain au caractère bien trempé, le scénario de Nicolas Jarry est aussi solidement charpenté que l’est le Seigneur Brum. Le lecteur va découvrir comment un gosse des rues issu de la caste des Errants allait, grâce à une intelligence hors du commun, devenir ce seigneur de guerre craint et respecté portant un tranchoir que sa basse condition lui interdisait pourtant de ceindre… Empruntant des motifs au
Fight Club de David Fincher ou au
Mon nom est personne de Tonino Valerii, le scénariste amoureux de la culture naine signe un scénario puissant où il est une fois encore question de filiation, mais de filiation choisie et nom subie…
S’appuyant sur la chartre graphique de Pierre-Denis Goux, le dessin puissant de Jean-Paul met en scène avec une redoutable efficacité le scénario captivant de Nicolas Jarry.
C’est avec un réel plaisir que l’on arpente les ruelles crasseuses de sa Gol-Garsëm à la suite du jeune Brum qui échappa à son destin pour s’en forger un nouveau… Mais à quel prix ?
Porté par le dessin puissant de Jean-Paul Bordier, le scénario nerveux et captivant de Nicolas Jarry nous montre comment le destin du futur fondateur de la mythique Légion de Fer à irrémédiablement basculé le jour où il laisse s’exprimer une rage trop longtemps contenue en lui, libérant une violence qu’il avait pressentie… Une rage dont il devra porter le poids écrasant et assumer les conséquences funestes…
Ce quatorzième tome de Nains s’avère une fois encore parfaitement maîtrisé. L’émotion est une au rendez-vous avec ce récit poignant d’un écorché vif hanté par les fantômes de son passé qui revient là où tout a commencé… Nains est décidemment une excellente série d’héroic-fantasy.
La violence… Je la côtoyais depuis toujours. D’où je venais, c’était une mise de départ. Histoire de savoir si on tenait un peu la route.Brum des Errants