Alcante, Laurent-Frédéric Bollée et Xavier Besse poursuivent leur récit romanesque qui lève le voile sur un pan méconnu et peu glorieux de l’histoire de France…
La cruelle exécution d’Auguste Chapdelaine, prêtre missionnaire, a servi de prétexte au déclanchement d’une guerre économique qui opposa la France et du Royaume-Uni à l’Empire du Milieu. Ce sera la seconde guerre de l’opium…
Lorsqu’il débarque en Chine, François Montagne, filleul du prêtre martyr, est persuadé de servir une juste cause en servant sa vengeance… Mais il comprend bien vite que la guerre à laquelle il prend part avec son ami Jacques Jardin, fils illégitime du Général Mautauban, n’est qu’une guerre économique, une guerre dont l’ignominie sera révélée avec verve par Victor Hugo et ses contemporains…
Dans le camp chinois Sengge Rinchen comprend que l’aveuglement de l’empereur Xianfeng menace de conduire la Chine à la ruine et cherche à entamer des négociations avec les armées européenne… Mais, rêvant de marcher sur Pékin pour faire main basse sur les trésors dont regorge le Palais d’Eté de l’Empereur, le vil sergent Marais va tout mettre en œuvre pour faire capoter les pourparlers, scellant par la même le destin de Montagne et de Jardin…
Alcante et Laurent-Frédéric Bollée signent un récit solidement documenté qui entraîne les lecteurs en plein cœur de la seconde Guerre de l’Opium. A partir d’un canevas historique précis, les scénaristes ont tissé un récit poignant mêlant personnages fictifs et réels… Leur histoire romanesque s’avère d’autant plus captivante qu’elle est portée par des personnages complexes et tourmentés allant de l’authentique héros à la pire des crapules, réels ou imaginaires, apportant au récit le souffle nécessaire à faire de la série un formidable récit d’aventure historique…
Si le personnage de François Montagne qui voit se fracasser ses idéaux sur la réalité du terrain porte le récit sur ses épaules, Jacques Jardin s’avère particulièrement touchant dans sa quête éperdue de reconnaissance. Mais le général Mautauban qui ferma les yeux sur le pillage du Palais d’Eté avant de l’organiser et de laisser Lord Elgin l’incendier en représailles à l’exécution supposée d’otages occidentaux, s’avère tout aussi intéressant ; de même que le personnage de Jia Li, écartelé entre deux cultures…
Si le récit s’avère solidement charpenté, le dessin réaliste de Xavier Besse n’est pas en reste. Fort de sa passion pour la Chine (le dessinateur est diplômé de l’Ecole du Louvre et titulaire d’un Master en Art & Archaeology de la London University qui l’a conduit à travailler sur les collections au département Chine du Musée Guimet à Paris !), il immerge littéralement le lecteur dans la Chine du XIXe siècle avec des planches superbes et foisonnantes de détails.
Rien ne semble avoir été laissé au hasard, de la reconstitution minutieuse des uniforme en passant par ses visuels saisissants de l’ancien Palais d’Eté, tous justes somptueux… Son découpage s’avère quant à lui d’une redoutable efficacité, accentuant avec art la dramaturgie du récit faisant la part belle au romanesque et à l’aventure…
La Chute du Palais d’Eté referme une série ambitieuse et captivante qui lève le voile sur un épisode peu reluisant de l’histoire de France…
S’appuyant sur une solide documentation historique et des personnages tout à la fois riches, complexes et attachants, Alcante et Laurent-Frédéric Bollée signent un récit d’aventure entraînant à la dramaturgie savamment dosée se déroulant dans les coulisses de la grande histoire. Xavier Besse fait quant à lui montre une fois de plus de son talent de metteur en scène en signant des planches de toutes beauté qui immergent littéralement le lecteur au cœur de la Chine de ce milieu du XIXe siècle…
Nous courons à notre perte ! l’Empereur est aveugle et ne sais rien de notre retard en matière d’armement ! Même avec 30000 hommes je doute de l’issue de notre combat. Je vais poster nos hommes en espérant retarder l’échéance. Et on n’a plus le choix : il faut reprendre les négociations diplomatiques et sauver ce qui peut l’être encore ! Mais pas un mot de ceci à l’Empereur ! Laissons-le à son monde. Je m’occupe de la réalité. Le Général Sengge Rinchen
(*) Victor Hugo dans sa Lettre au capitaine Butler