



Après les elfes, les nains et les peaux vertes,
Mages donne la première place à ces éminence grise que l’on apercevait dans l’ombre des puissants dans les autres séries se déroulant dans les Terres d’Arran.
Les mages doivent se plier aux lois édictées par l’Ordre des Ombres et servir les monarques des Terres d’Arran, qu’ils fussent dignes ou indignes de régner.
Versé dans la nécromancie, Altherat sert Goddrick, monarque sadique et vicieux à l’ambition démesurée. S’il le méprise, le mage n’en est pas moins obligé de mettre son art au service des vils desseins du roi. Alors qu’il compte faire tomber les royaumes voisins sous sa coupe et ceindre la couronne de Haut Roi d’Yrlanie, le roi Goddrick convie le roi Erik à sa table pour forger une solide alliance… Mais, au cours du banquet, le roi Erik et son conseiller mage meurent empoisonnés… Pour Altherat, il ne fait aucun doute qu’il est le créateur de ce poison mortel… Qui cherche à l’accuser et dans quel but ?
Ce que tous ignirent, c’est que le nécromancien est le gardien d’un terrible secret : il a arraché Aryann, la femme qu’il aime, à l’étreinte de la mort et cette dernière vit, dans le plus grand secret, dans ses appartements…
Après avoir exploré les magies élémentalistes et runiques et avant de nous présenter l’Alchimie, la série
Mages nous entraîne à la découverte de la plus sombre des magies : la nécromancie.

En talentueux conteur, Jean-Luc Istin tisse un récit inquiétant où se mêlent passions et manœuvres politique de façon délicieusement inextricable. Narrateur de l’histoire, Altherat nous brosse un portrait peu reluisant du monarque que l’Ordre des Ombres l’oblige à servir. Sadique, cruel, prêt à toutes les malversations pour servir son ambition, Goddrick nous apparaît comme profondément antipathique. Mais, au fil des pages, on comprend que le mage est plus torturé qu’il n’y parait et a usé de sa puissante magie pour assouvir son irrépressible désir pour une femme qu’il a fait revenir d’entre les morts.
Porté par des personnages complexes et tourmentés par leurs passions et leurs désirs, le scénario entraînant et délicieusement alambiqué réserve bien des surprises au lecteur et la chute impromptue annonce de délicieux crossover avec les autres séries où les mages occuperont, peut-être à leur corps défendant, les premières loges… On sent une certaine filiation avec le mythe arthurien, tant dans la relation qu’entretiennent Altherat et Aryann qui évoque celle de Vivianne et de Merlin que dans ces querelles politiques autour de la couronne du Haut-Roi qui aiguise bien des appétits.
Fidèle à lui-même, Vladimir Krstić, alias Laci, nous livre des planches somptueuses qui distillent une sombre mélancolie teintée de poésie. Mêlant motifs celtiques et architectures médiévales, ses bâtiments s’avèrent particulièrement convaincants, de même que ses costumes et accessoires qui étoffent apporte cohérence et crédibilité à l’univers des Terre d’Arran.

Ses cadrages ciselés dynamisent jusqu’aux scènes de dialogue et la colorisation lumineuse des Studios Digikore s’avère quant à elle particulièrement convaincante…
Jean-Luc Istin nous entraîne une fois encore dans les Terre d’Arran pour présider au destin de personnages complexes et tourmentés plongé dans un complot politique qui les dépasse.
Le trait puissant de Laci sert remarquablement le scénario captivant qui fait une nouvelle fois montre des talents de conteur du scénariste qui apporte une nouvelle pierre à l’univers riche et foisonnant des Terres d’Arran avec ce récit où Eros et Thanatos entament un macabre ballet. Par petite touche, Jean-Luc Istin brosse le portrait d’un mage contraint de servir un roi qu’il méprise pour l’aider à assouvir ses rêves de pouvoir… Mais de sombres complots s’ourdissent dans l’ombre de sa couronne et les graines sont semées qui feront souffler un vent sinistre sur cet univers riche et foisonnant qui se construit au fil des tomes et des séries s’y déroulant…
Le prochain opus de Mages nous fera découvrir une quatrième voie : l’Alchimie… Nous ne pouvons qu’espérer qu’il soit d’aussi haute tenue que celui-ci…
La guerre… C’est toujours un moment particulier pour un nécromancien… C’est le moment où la vie glisse violemment vers le trépas. Je les vois ces morts, je ressens leur agonie, je ressens leur peur, leur incompréhension… Combien d’âmes errent encore sur les champs de bataille revivant jour après jour leur trépas… Parfois, je les aide à trouver leur chemin vers l’autre monde. Altherat