


Le capitaine Arundill mène une enquête pour le compte de la mystérieuse Confrérie des Ombres. Elle semble avoir mis à jour un complot d’envergure mais, s’arrangeant pour interroger seule les suspects et les faire passer de vie à trépas sans autre forme de procès… Tant et si bien que sa confrérie commence à la soupçonner de faire servir ses propres desseins…
Le fait est qu’elle s’efforce de retrouver et se venger de Triste Sourire, l’alchimiste qui fut son maître et l’a fait entrer dans la Confrérie Chimérique…
Il y a un petit air de Beatrix Kiddo (incarnée par Uma Thurman dans
Kill Bill) dans la fougueuse et indomptable Arundill… Cette dernière a exploré les plus sombres arcannes de l’alchimie et ne désire qu’une chose : se venger de son Maître qui a fait d’elle ce qu’elle est… Pour se faire, elle a mis son art au service de la mystérieuse Confrérie des Ombres et construit un complot lui permettant de traquer et faire parler les membres d’une inquiétante organisation dont certains doutes de l’existence même…

S’il lle va attirer sur elle les foudres de son ordre, son caractère bien trempé, son refus de toute autorité, son franc-parler et son jusqu'au-boutisme la rendent indéniablement attachante.
La façon dont Nicolas Jarry nous conte l’histoire de cette alchimiste amnésique impulse un rythme soutenu à l’album. Le récit alterné entre les souvenirs d’Arundill et son odyssée vengeresse titille la curiosité du lecteur qui, à l’instar de l’héroïne, désire comprendre les tenants et les aboutissants des souvenirs qui remontent peu à peu… L’album vient éclairer cette forme de magie puissance et dangereuse qu’est l’Alchimie dans les Terre d’Arran, des potions aux pierres de pouvoir en passant par les terrifiants homoncules… Cette forme de magie se révèle être tout à la fois originale dans son approche, puissante dans son exécution et spectaculaire dans son application… Remarquablement conduit, le récit s’achève par un twist cynique et savoureux qui éclaire sous un jour nouveau les évènements qui nous ont été relatés…
Bojan Vukic fait une nouvelle fois montre de ses talents de dessinateur, comme il l’avait fait dans Elfes avec trois albums épatants, reprenant le destin des semi-Elfes et succédant ainsi aux talentueux Jean-Paul Bordier et Gwendal Lemercier… Construites sur un storyboard de Benoît Dellac, ses planches sont solidement charpenté et s’avèrent être particulièrement dynamiques alors ses effets pyrotechniques sont magnifiées par la colorisation ébouriffante de J. Nanjan…
Impossible de savoir comment Nicolas Jarry parvient à enchaîner les scénarios sur un rythme aussi soutenu (sans doute use-t-il de quelques magies sombres et anciennes apprise durant ses périples dans les Terre d’Arran !), mais force est de reconnaître que ce quatrième tome de Mages remplit toutes ses promesses.
Le scénariste a su une fois encore donner vie à un personnage joliment construit, une alchimiste rebelle à toute forme d’autorité rêvant de s’affranchir du joug de son maître et de se venger de celui qui a fait d’elle ce qu’elle est… Joliment ficelé, le scénario, mis en image par le trait puissant d’un Bojan Vukic très inspiré, s’achève par un twist aussi cynique que savoureux…
Les Terres d’Arran sont loin d’avoir livré tous leurs secrets, comme nous le prouve au fil des tomes scénaristes et dessinateurs s’y aventurant… Que dire sinon que nous attendons la suite de chacune des séries et le Jeu de rôle s’y déroulant avec une impatience frénétique
Contrairement aux élementalistes ou aux nécromanciens qui pouvaient renouveler presque instantanément leur réserve d’énergie pour lancer de nouveaux sortilèges, nous, les alchimistes, nous devions utiliser des pierres de pouvoir dont la fabrication nécessitait un processus lent et complexe. Mais ces pierres, une fois abouties, nous permettaient de distiller notre art libéré de toute contrainte…Arundill
(*) Petit emprunt à Quentin Tarantino