


Lorsqu’Angel Cimarron débarque à Bräncvastel, petite bourgade des Carpates, il espérait un endroit calme où il pourrait terminer un article sur la corruption qui gangrène les pays de l’Est…
Mais d’étranges phénomènes vont perturber son travail… Tout se déroule comme si une malédiction s’était abattue sur la région, et plus particulièrement sur la famille Popescu dont les membres occupent les postes clefs de la petite ville surplombée par les ruines d’un imposant château dont ont dit qu’il aurait été le siège d’une secte d’hérétiques à l’aube du XIIIe siècle…
Parmi les régions chargées d’histoire et de légendes, la Transilvanie occupe une place à part dans notre imaginaire depuis que Bram Stoker s’est emparé d’un héros national roumain pour en faire son Dracula, figure emblématique de la littérature fantastique…

Il ne semble pourtant pas y avoir de vampire dans ce récit concocté par Christophe Bec…
Ce passionné de fantastique distille avec art une ambiance délicieusement oppressante qui nous entraîne à la lisière du fantastique sans jamais, pour l’instant tout au moins, y basculer… Son récit est construit pour que la tension aille crescendo, du prologue historique qui nous raconte la venue de croisées entrés par traîtrise dans le château en passant par cette série d’actes de vandalisme aux accents de sorcellerie qui semble viser la famille de notable qui détient tous les rouages du pouvoir… Le scénariste prend le temps d’installer son intrigue et ses personnages, soignant tout particulièrement Angel Cimarron qui, après avoir entraperçu un chevalier en armure dans les ruines du château, va peu à peu s’impliquer dans une enquête qui va le détourner, pour un temps au moins, de son travail sur la corruption… Pa railleurs, n’allez pas chercher Bräncvastel, elle ne figure sur aucune carte… Mais le talent de l’auteur est tel qu’il lui donne une épaisseur et une consistance…
Pour son premier album, Claudio Montalbano fait montre d’un indéniable savoir-faire en matière de cadrages et de découpage…

Le style réaliste du dessinateur italien n’est pas sans évoquer celui de Christophe Bec et le formidable travail de colorisation d’Hugo Sebatien Facio accentue la noirceur du récit, teintant d’une pointe de fantastique une histoire où tous les évènements pourraient, pour l’heure, avoir une explication rationnelle… L’artiste joue avec art avec les contrastes et les angles de caméra pour dynamiser jusqu’aux scènes les plus contemplative, accentuant avec force le malaise distillé par le scénario… A noter que la couverture d’Yvan Villeneuve est de toute beauté…
Inaugurant un dytique oppressant, ce premier tome du Sanctuaire des Hérétiques met en scène un journaliste qui pourrait bien revenir pour d’autres enquêtes si le succès est au rendez-vous…
De facture classique, le scénario de Christophe Bec vaut surtout pour son atmosphère finement ciselée aux accents lovecraftien et à sa mise en image impressionnante de maîtrise de Claudio Montalbano qui signe là un premier album de toute beauté… Son trait sombre et puissant est joliment mis en valeur par la somptueuse colorisation d’Hugo Sebatien Facio qui vient accentuer la noirceur du récit qui semble glisser peu à peu vers le fantastique…
- Quand je suis arrivé, vous m’avez dit que le village n’était plus si tranquille que ça… Que vouliez-vous dire ?
- Il se passe de drôles de choses depuis quelques temps, des phénomènes étranges… D’abord, il y a cet oiseau de malheur qui est apparu au début des évènements. dialogue entre Angel Cimarron et Raluca Popescu