Londres, XIXème siècle. La grande Madame Kowalski n’est plus… Des milliers de gens sont venus assister aux funérailles de cette femme unique qui avait prédit le moment de sa propre mort, à la minute près… Depuis sa disparition, des failles sont apparues dans notre réalité, permettant à des monstres rampants et visqueux de gagner notre monde…
Peu après, le célèbre archéologue Sanders-Whitby se propose de dévoiler au public ses dernières trouvailles alors que sa femme se livre à une expérience de spiritisme dont le charlatanisme est dénoncé par le Dr. Harryhausen venu avec son valet, étrange créature à même de percevoir les manifestations horrifiques, assister à cette mascarade… Pourtant, cette expérience permet à un terrifiant serpent de feu de parvenir sur terre, semant la terreur parmi la foule… Dr. Harryhausen et l’Homunculus parviennent de justesse à s’échapper mais sont bien malgré eux projeté dans une dimension parallèles peuplée de monstres tentaculaires…
Mêlant avec audace les horreurs tentaculaires des univers tourmentés de Lovecraft à la culture populaire, à la mystique indienne, aux récits ésotériques de Mike Mignola ou à l’œuvre de Sfar, époque
Professeur Bell, Benni Bødker nous entraîne tambour battant dans un improbable scénario délicieusement rocambolesque aux tonalités résolument humoristiques…
Le duo formés par l’étrange Docteur Harryhausen, désirant sauver l’humanité de l’indicible menace qui plane sur elle, et son étrange acolyte, légitimement apeuré par les monstruosités qu’il est le seul à percevoir, fonctionne plutôt bien et leur étrange relation donne une tonalité très particulière à l’album…
Découpé en chapitres dont chacun est introduit par une citation, le scénario de ce premier tome esquisse les contours d’un univers baroque d’autant plus enthousiasmant qu’il est mis en image par les crayons formidablement dynamiques de l’impressionnant Rune Ryberg et les couleurs surprenantes mais bougrement efficace de Lærke Enemark…
Si la spontanéité du trait de l’artiste danois n’est pas sans évoquer celui d’un Hervé Tanquerelle (époque
Legs de l’Alchimiste) ou d’un Joann Sfar, ce n’est pas tant l’élégance qui a ici son importance mais l’énergie qu’il impulse à chacun de ses personnages, entraînés par une histoire d’une follement fantastique. Les expressions terrifiées de l’Homunculus sont ainsi retranscrites avec une rare efficacité, de même que la froide détermination du Docteur…
Encore inconnu sous nos latitudes, Benni Bødker signe un album ésotérique et burlesque servit par l’impressionnant Rune Ryberg dont le trait inventif et spontané fait une fois de plus merveille…
On suit avec jubilation les irrésistibles et improbables aventures du Dr. Harryhausen, bien décidé à combattre les horreurs tentaculaires venues d’une autre dimension, quitte à sacrifier pour se faire son étrange acolyte pour sauver l’humanité incrédule…
Sans se prendre au sérieux, les auteurs signent avec Homunculus un récit enthousiasmant qui nous entraîne à la lisière des univers de Lovecraft et de Joann Sfar…
Fièvres, sueurs froide… L’Ether t’a bien malmené. Pourvu que tout ceci ne soit pas vain. Je ne le crois pas… Cependant je crains que la situation empire. Tu as le potentiel pour devenir l’arme ultime. L’Ether sera pris par surprise. Que tu en réchappes ou non.Dr. Harryhausen