Tadgar, Lygdr, Damn, Wal et Akab forment une bande d’intrépides aventuriers prêts à tout pour devenir riche…
Ils s’en reviennent d’une dangereuse mission pour compte du nécromant Ax’Aaztarom : retrouver les ossements de Kervorgar, le légendaire alchimiste… Après avoir assommé et drogué le serviteur du puissant mage et s’être copieusement chamaillé avant et après leur entrevue, ils repartent avec le payement, la gemme mémorielle d’Alewylénn qu’ils comptent revendre à deux elfes blancs…
L’entrevue avec les elfes est pour le moins explosive et ils doivent quitter manu militari l’auberge, après l’avoir réduite en cendre, sans avoir pu mette la main sur les pierres précieuses… Il faut dire que récupérer leur butin avec la milice et les elfes au basque, ce n’est guère évident !
Après avoir trucidé par inadvertance un milicien et volé un chariot, la petite troupe quitte la ville sur les chapeaux de roues et trace sa route trois jours durant pour semer leurs poursuivants… Ils s’arrêtent en plein territoire de peaux-vertes avec l’idée de retourner voir Ax’Aaztarom qui les a manifestement arnaqué… Ces derniers les prennent pour une ambassade naine venu signer un traité de paix… Ils n’ont d’autre choix que de laisser les émissaires orcs dans l’erreur afin d’avoir le temps de trouver une échappatoire…
Présidant au destin du peuple Nain des Terres d’Arran, Nicolas Jarry nous entraîne dans une aventure iconoclaste mettant en scène une bande d’aventuriers sans foi (ou presque) ni loi (autre que la leur) délicieusement hétéroclite…
Tacitement dirigée par Tadgar, un personnage, roi de l’entourloupe (bien que son autorité soit continuellement remise en cause par ses camarades), les personnages qui composent cette joyeuse troupe sont tous fort en gueule et haut en couleur…
Entre la froidement ténébreuse Lygdr, la séductrice tendance nymphomane Damn, Akab, le vieux prêtre de D’yjad défroqué mais moralisateur et Wal, fou furieux qui ne se sent bien qu’un marteau à la main avec des hordes d’ennemis à trucider, on n’a pas le temps de s’ennuyer !
Le scénario est une suite de catastrophiques rencontres où l’on comprend que chacune de leurs forces peuvent devenir une faiblesse et qu’ils n’ont pas leur pareil pour foutre en l’air les plans les plus élaborés sur un coup de tête, de queue … ou de marteau. Les dialogues sont tout juste jubilatoires et raisonneront comme une madeleine de Proust aux oreilles des rôlistes tant ils auront la furieuse impression de revivre une partie de jeu de rôle avec un groupe d’aventurier dont on devine qu’ils ont un vécu et qu’ils se connaissent sur le bout des doigts… Certaines scènes sont réellement irrésistibles mais nous n’en diront pas plus pour ne pas gâcher la surprise !
Jean-Paul Bordier semble s’être autant amusé à mettre en image cette histoire que Nicolas Jarry en a pris à l’écrire ! Il donne vie à nos cinq aventuriers de façon vraiment jubilatoire, soignant tout particulièrement leur jeu d’acteur pour accentuer le comique de situation que les deux auteurs maîtrisent à merveille…
Ses décors foisonnent de détails qui assurent au récit une appréciable cohérence, qu’il dépeigne l’intérieur inquiétant du château du nécromancien, la cité où les nains compte revendre leur butin, le sanctuaire Orc ou la forteresse naine… Quant à son découpage, il est une petite merveille d’efficacité alors que les nombreux effets pyrotechniques du récit sont assurés par la mise en couleur impeccable de Vincent Powell…
Nicolas Jarry signe un scénario irrésistible et iconoclaste mettant en scène une joyeuse bande d’aventuriers incontrôlables, hauts en couleurs et forts en gueule dont les relations houleuses ne sont pas sans évoquer celle d’un groupe de rôlistes évoluant dans un monde d’heroic-fantasy tel AD&D ou Chroniques Oubliées (et bientôt les Terres d’Arran ! Et je dois dire, qu’en tant que rôliste, c’est tout juste jubilatoire !
Difficile de résister à l’humour mordant des dialogues ou aux péripéties de ces héros atypiques qui n’ont pas leur pareil pour se mettre dans la panade… Porté par le dessin puissant et expressif de Jean-Paul Bordier, rehaussé par les couleurs saisissantes de Vincent Powell, le récit s’avère follement rafraîchissant et le plaisir qu’on pris les auteurs à l’écrire et à le mettre en scène est indéniablement communicatif !
- Je ne le sens pas, je vous dis… Il va nous la faire à l’envers cet ensorceleur de malheur !
- Tu sens jamais rien, Lygdr !!! A t’écouter on pourrait croire u tout ce que j’entreprends finit mal…
- Ton idée de revendre une cargaison de picrate frelaté au roi de Lombardie ?
- Les Hums n’ont aucun palais !
- La fois om on devait « juste » rapporter la tête d’un chef de horde Ogre ?
- On m’avait dit qu’ils étaient qu’une douzaine tout rachitiques !
- Et lorsque tu as promis de débarrasser la cité de Port-Gris de toute sa vermine ?
-- Ah, là, en revanche, tu es de mauvaise foi. Je les ai cramés jusqu’au dernier couinar.
- Et avec eux la moitié de la cité ! On a même dû étripailler une partie de la garde pour t’éviter de finir la caboche sur le billot !dialogue entre Lygdr, Tadgar et Wal