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Cicatrices
Eclats



Fiche descriptive

Histoire

Eclats

Tome 2

Erik De Graaf

Erik De Graaf

Erik De Graaf

Champaka Brussels

21 août 2020


25€

9782390410119

Chroniques

Un an après la fin de la Seconde Guerre mondiale, Esther et Victor, anciens amants, se retrouvent dans un cimetière. Ils ne se sont plus revus depuis l'invasion des Pays-Bas par les troupes hitlériennes.

Tous deux sont marqués par les années de guerre qu'ils tentent, vaille que vaille, de se transmettre en mots. Leurs récits, chargés en émotion, portent sur les choix - souvent impossibles - qu'ils ont dû faire, les êtres chers qu'ils ont perdus et, surtout, la bataille qu'ils ont menée avec leur conscience. Des amis proches ont en effet opté pour la résistance, d'autres pour le Front de l'Est. Sans oublier qu'Esther est Juive.
un bon album !


La Douleur
Cicatrices, planche de l'album © Champaka Brussels / De GraafEsther retrouve Victor le lendemain ; alors qu’elle lui avait dit la veille « je vais assez bien… j’ai survécu. Ne me demande pas comment », elle va finalement raconter. Un peu… car les «cicatrices » sont toujours vivaces. De brèves séquences reviennent également sur l’évolution de Victor et certaines des questions irrésolues dans le premier volet trouvent enfin leurs réponses dans la confrontation des points de vue.

Sept ans après la parution du premier volet « Eclats » en français aux éditions de La pastèque au Canada, le deuxième volume est enfin publié chez Dupuis et réuni au premier grâce à une nouvelle maquette qui fait dialoguer les couvertures comme les protagonistes dans le récit.

Un diptyque en forme de puzzle
Ce deuxième opus fonctionne en écho avec le premier comme l’indiquait déjà la couverture. Si l’on pouvait éventuellement lire le premier seul, ce dernier ne peut se lire indépendamment. Cicatrices, planche de l'album © Champaka Brussels / De GraafA eux deux, ils forment un tout et donne la pleine mesure au lecteur d’une réalité autrement parcellaire. Certaines énigmes (le sabotage du câble par exemple) s’en trouvent ainsi résolues. Certains événements prennent aussi davantage de profondeur en entrant en résonnance.

Pourtant ce tome apparaît plus convenu …

Un récit plutôt classique qui s’émancipe du modèle hollandais : « le Journal d’Anne Frank »
Sans doute parce que les parti-pris graphiques et narratifs ne surprennent plus voire deviennent redondants. Je dois avouer que j’ai été aussi davantage gênée dans ce tome par la ressemblance des personnages entre eux : Victor et le fermier présentent des traits similaires, Esther et Rose également. Cela nuit à a lisibilité de l’histoire. Ensuite, parce que les thèmes abordés sont finalement « classiques » dans la littérature d’occupation : la collaboration des uns, la résistance des autres, l’attentisme de beaucoup.

Cicatrices, planche de l'album © Champaka Brussels / De GraafEnfin parce que le personnage principal de ce tome est Esther et que son récit est celui tristement classique d’une famille juive obligée de fuir, de se séparer, de trouver des lieux ou se cacher, des familles prêtes à les accueillir… Montrer une famille juive qui se cache c’est également une gageure pour s’affranchir de l’ombre écrasante du « Journal d’Anne Frank » mais aussi un moyen de rappeler que les abus dont ses membres ont été victimes n’ont pas tous été le fait des Allemands mais parfois de leurs compatriotes. Poursuivre sur l’après-guerre, c’est surtout dépeindre la difficile réinsertion dans un monde qui veut tourner la page et pour lequel ils sont un reproche vivant. On comprend ainsi mieux les interventions et les commentaires d’Esther qui, dans le premier tome, reprochait sans cesse à Victor l’inertie de ses camarades soldats. Elle est révoltée par l’attentisme de toute la population qui ne l’a pas protégée et qui ne la reconnaît pas non plus en tant que rescapée d’une tragédie. Erik de Graaf relate aussi le sentiment de culpabilité des survivants… Cela peut évoquer à la fois certaines des confidences de Simone Veil sur son retour des camps dans « Une vie » et le portrait de la mère d’Art Spiegelman dans « Maus ». Les souffrances des survivants de la Shoah constituent autant de blessures invisibles qui cicatriseront peut-être un jour comme le laisse à penser le dénouement …

Cicatrices, planche de l'album © Champaka Brussels / De GraafCe diptyque nous rappelle que la seconde guerre mondiale a fait peut-être bien plus de victimes collatérales que l’on peut se l’imaginer. Les personnages hollandais ou les réfugiés et même les soldats allemands paraissent tous très jeunes. C’est un moyen de souligner comment leur avenir qui aurait pu être radieux -le futur dont rêvait le couple en 1939 par exemple -, a volé en « éclats » et combien les « cicatrices » demeurent.

Indissociable du premier volet (remaquetté pour l’occasion), ce deuxième opus qui paraît sept ans plus tard donne cette fois la parole à Esther. Ainsi certaines questions demeurées sans réponse à la fin du premier tome vont -elles être élucidés dans une confrontation des points de vue et des mémoires. Les deux tomes s’imbriquent comme les pièces d’un puzzle pour ne plus faire qu’un tout. Ce volume nous propose également un émouvant portrait de femme rescapée de la Shoah et, malgré un thème somme toute classique, réussit à s’affranchir du modèle du « Journal d’Anne Frank ». Il suscite enfin des interrogations sur le sentiment de culpabilité et sur les « cicatrices » qui ne se referment pas.

Je remercie Erik de Graaf, les éditions Dupuis et Netgalley de m’avoir offert la possibilité de le lire.

-Ah Esther !
-Bonjour.
-Mal dormi ?
- En général je ne dors pas du tout. Et toi tu fais quoi la nuit ?
-La nuit, je dors comme un loir. C’est le jour que j’ai du mal

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