Les années ont passé depuis la mort tragique de William Schaw qui rédigea les statuts de la Franc-Maçonnerie. Succédant à son père décapité durant la Révolution anglaise, Charles II vient de monter sur le trône alors que la guerre couve entre la Hollande et l’Angleterre…

Après des années d’exil, Robert Moray revient à Londres avec un constat amer : les avancées technologiques des hollandais sont telles que la marine anglaise ne peut rivaliser la leur… Sur le modèle de l’Académie Française fondée par Richelieu dont il fut l’espion, il œuvre à créer la Royal Society qui réunira les plus grands savants et scientifiques de leur temps afin qu’ils puissent travailler de concert, sans entraves religieuses ou politique, pour le bien de l’humanité…

Peu connu de ce côté de la manche, Robert Moray a indéniablement tout du héros de roman… Ce brillant scientifique écossais a poursuivit ses études en France avant de servir dans les armées de Louis XIII et de se lier au Cardinal Richelieu dont il fut l’espion. Il participa à la guerre des Trois Royaume opposant Angleterre, Ecosse et Irlande avant d’être initié à la Franc-Maçonnerie… Après avoir participé à la Guerre de Trente Ans, il est fait prisonnier. Après sa libération, il passa par Bruges et Maastricht avant de revenir à Londres suite à la restauration de la Monarchie… Mais c’est surtout pour la création de la Royal Society of London for the Improvement of Natural Knowledge qu’il marqua son temps et l’histoire des sciences en en proposant une approche résolument moderne basée sur la seule expérience… Mais cela ne l’a pas empêché d’être un fervent croyant et alchimiste…

Après avoir signé le scénario du troisième opus de la série, mis en image par le talentueux Vincent Wagner, Pierre Boisserie signe une version romanesque de la vie de ce franc-maçon tout en dressant un saisissant portrait de la complexité d’une époque, alors que l’Angleterre portait encore les stigmates de la révolution et que la Hollande et l’Angleterre s’opposaient pour la maîtrise des routes commerciales maritimes. Hanté par les fantômes de son passé et malgré les embûches qui se dressent sur son chemin, il va et réunir dans une même société parlementaires, royalistes, francs-maçons et profanes, donnant corps à l’idéal d’une Franc-Maçonnerie moderne naissante…

Après nous avoir entraîné dans les coulisses peu reluisantes de la Troisième République ou dans une France déchirée par le guerre de religion (les Guerriers de Dieu), Pierre Wachs nous entraîne à présent dans une Angleterre en pleine mutation… Soignant tout particulièrement décors et costumes, il esquisse un portrait crédible d’une époque troublée, animant des personnages historiques ou fictionnels avec efficacité et mettant en image des scènes particulièrement amusante, telles celles où des espions hollandais à la sauce pied-nickelés tentent d’assassiner Robert Moray ou celles où les savants mènent d’étranges expériences, soulignant par la même les lacunes de la sciences de l’époque et l’importance de la révolution en train de s’opérer sous l’impulsion du scientifique…

A noter qu’un dossier étoffé vient préciser tant le contexte historique que l’histoire de Moray et de son œuvre…

Avec ce quatrième opus de l’Epopée de la Franc-Maçonnerie, Pierre Boisserie et Pierre Wachs nous entraînent dans les coulisses de la création de la Royal Society qui allait révolutionner l’approche de sciences…

Le scénariste de Saint Barthélémy (avec Eric Stalner) ou du Banquier du Reich (avec Philippe Guillaume et Cyrille Ternon) s’empare du personnage de Robert Moray pour tisser un récit romanesque haut en couleur tout aussi entraînant qu’édifiant… Teinté de fantastique, avec le fantôme de sa défunte épouse marchant sur ses pas, et émaillé de notes humoristiques, Royal Society nous montre comment les idéaux de la Franc-Maçonnerie ont pu participer à l’essor des sciences et, par là même, à l’amélioration de la société…

Qui a dit que l’Eglise devait être au courant ? Il est question de sciences et de survie de notre nation. Vos évêques ont déjà bien du mal à s’occuper de nos âmes.Robert Moray

(*) « ne croire personne sur parole », devise de la Royal Society of London for the Improvement of Natural Knowledge