Aguerrie par leurs nombreuses missions, la Brigade des Cauchemars se sent enfin prête à affronter l’ultime épreuve et plonger dans la tête de Léonard. Prêt à tout pour tirer Alice, sa mère, des griffes oniriques de Léonard, Tristan n’en a pas moins le cœur lourd en voyant que Sarah et Estéban sont de plus en plus proches.

Comme ils pouvaient s’y attendre, le monde intérieur que s’est construit Léonard pour protéger sa psyché des agressions dont il a été victime s’avère particulièrement complexe et dangereux et donnera bien du fil à retordre aux agents… Au fil de leur exploration, le passé tourmenté de Léonard se dévoile par bribes, révélant une personnalité complexe et torturée…

Rare sont les séries qui, s’adressant à la jeunesse, parviennent à captiver les lecteurs adultes en esquissant dès le premier tome les contours d’un univers aussi inquiétant qu’envoûtant qui happe le lecteur dès les premières pages et l’abandonne à chaque fin de tome à cette délicieuse frustration qui est la marque des grandes série…

S’amorçant par un prologue en forme de flashback révélant les origines de la Brigade des Cauchemars, l’album titille dès les premières pages la curiosité du lecteur. Les recherches sur le projet Morpheus étaient à l’origine financées par les militaires qui comptaient bien les utiliser comme arme pour manipuler, extraire des savoirs ou des connaissances ou implanter des souvenirs et reconditionner des êtres humains… On aurait tôt fait de penser que Franck Thilliez fait preuve d’une imagination débordante… Mais, à la vérité, des scientifiques travaillent sérieusement sur cette possibilité, avec des résultats évoquant les pires cauchemars des écrivains d’anticipation, telle la possibilité d’implanter de faux souvenirs à quelqu’un et les lui effacer…

On comprend bien vite que Léonard fut le cobaye sur lesquels les militaires expérimentèrent les technologies nées des recherches d’Alice et du Professeur et qu’ils allaient tout mettre en œuvre pour retrouver et leur sujet d’étude et mettre la main sur l’intelligence artificiel pilotant le programme de la Brigade des Cauchemars. Le récit est remarquablement orchestré par un scénariste passé maître dans l’art du suspens. La tension s’avère savamment dosée et Franck Thilliez instaure par petites touches un climax particulièrement oppressant… Mais c’est surtout la façon dont les différents arcs narratifs se rejoignent et s’assemblent qui force l’admiration. Rien ne semble avoir été laissé au hasard et des éléments jalonnant les premiers tomes trouvent ici toute leur raison d’être, tel le handicap de Tristan qui ne sert pas qu’à nourrir le personnage… Du grand art !

Indéniablement, l’association de Franck Thilliez avec Yomgui Dumont paraît comme une évidence tant les inventivités graphiques du dessinateur enrichissent l’histoire et étoffent l’univers foisonnant du scénariste. Le parti-pris esthétique et artistique du dessinateur de Chambres Noires ou de Toulouse-Lautrec confère d’emblée une identité forte à la série et permettent à l’artiste de retranscrire avec efficacité les émotions et les passions qui animent chacun des personnages… Quant aux séquences inquiétantes ou apaisantes se déroulant dans l’esprit tourmenté de Léonard, elles sont mises en scène avec une remarquable efficacité et rendent le récit plus captivant encore… A l’instar de celle des quatre tomes précédents, la couverture, inquiétante et menaçante à souhait, est une petite merveille de composition…

Chaque nouveau tome de la Brigade des Cauchemars apporte son lot de révélation et de rebondissement et ce cinquième opus ne fait pas exception à la règle !

Formidablement orchestré, porté par un trio d’adolescents iconoclastes aussi attachants qu’émouvants, ce cinquième tome s’avère en tous points passionnant. L’exploration annoncée de la psyché du jeune Léonard rempli toute ses promesses et réservent bien des surprises à la Brigade… comme aux lecteurs !

Difficile de ne pas être bluffé par la façon dont Franck Thilliez fait se rejoindre les différents arcs narratifs de façon cohérente et vertigineuse ou par le talent et l’inventivité graphique de Yomgui Dumont dont les compositions enrichissent et étoffent l’univers foisonnant de la série…

Destiné à un public adolescent, la série captivera tout autant leurs parents pour la richesse de son univers, ses qualités d’écriture et le style inimitable du dessinateur…

- A ton tour Tristan ! Il suffit d’y croire !
- Y croire, y croire, facile à dire !
- Crois en notre lien… Et je suis déjà dans le cauchemar… alors toi aussi !
dialogue entre Estéban et Tristan