Pour son plus grand plaisir, Lanfeust est retombé dans l’anonymat et utilise son don, faire fondre le métal d’un seul regard, pour travailler comme forgeron itinérant. Car sur le monde de Troy, chaque habitant possède un don magique qu’il peut utiliser tant qu’il se trouve à proximité d’un Sage d’Eckmül, seul à pouvoir relayer la magie du vénérable Magohamoth…

Mais depuis quelques temps, les Sages ont la fâcheuse tendance à mourir de façon brutale et leurs jeunes remplaçants, fraîchement diplômés de l’école envoyés pour les remplacer, ne parviennent que rarement à destination… Flarpaite, première femme à intégrer le triumvirat à la tête d’Eckmül ne prend pas les choses à la légère et décide d’envoyer Hébus, devenu le premier troll Maître Bibliothécaire du Conservatoire d’Eckmül, à la recherche de Lanfeust, aidé par le Atastrophe, jeune et naïf mais talentueux étudiant…

Contraint et forcé, Lanfeust va devoir abandonner son paisible métier pour mener l’enquête qui le conduira au cœur d’une forêt indéniablement mystérieuse mais en plus particulièrement noiseuse… mais alors très, très noiseuse…

Alors qu’on ne l’attendait pas, voilà que parait un nouveau tome de Lanfeust… Pas un nouveau cycle hein ! Non, un nouveau tome. Le 9… Quelques vingt-et-un ans après le huitième tome qui clôturait le premier cycle d’aventure de Lanfeust de Troy, une série jubilatoire qui faisait souffler un vent follement rafraîchissant sur l’heroic-fantasy… Bon, certes, le héros avait entre-temps fait quelques détours dans l’espace et sauvé son monde à de multiples reprises… Mais son retour n’en reste pas délicieusement impromptu…

Pour l’occasion, Arleston, qui préside à la destinée de cet univers foisonnant depuis qu’il l’a créé, en inventif démiurge qu’il est, retrouve Didier Tarquin, premier dessinateur du Monde de Troy et créateur des principaux personnages de l’univers qui a signé U.C.C. Dolores, un récit de space op particulièrement épique… Le talentueux Claude Guth dont les pinceaux envoûtants nous charment à chacun de ses nouveaux albums, cède quant à lui la place à Lyse Tarquin, coloriste émérite ayant déjà arpenté les terres de Troy…

L’idée des auteurs n’est pas de se lancer dans un récit au long court mais de proposer des histoires auto-conclusives construites autour des envies respectives des complices scénaristes et dessinateur… L’occasion de replonger dans un univers dense et foisonnant et de retrouver ces personnages iconoclastes qui ont bercé notre adulescence (qui plus est rôlistique)… L’album se suffit à lui-même, inutile d’avoir lu les dizaines de tomes qui compose la saga et ses différents spin-off… Les éléments propres à l’univers sont expliqués dans l’album, telle la particularité de la magie du monde de Troy, de ses origines à son fonctionnement en passant sur le don unique que possède chacun de ses habitants… L’album est donc non seulement auto-conclusif mais il contient toutes les informations nécessaires pour comprendre l’histoire… Ce qui est fait une porte d’entrée dans l’univers… Même s’il faut reconnaître que l’album est plus amusant encore lorsqu’on connaît le passif d’Hébus afin de mieux comprendre à quel point il peut sembler incongru de le voir endosser la charge de bibliothécaire !

Lanfeust a un brin vieilli, mûri même pourrait-on dire… On le retrouve ainsi plus calme et plus posé que nous ne l’avions connu, mais avec toujours cette propension à être héroïque lorsque le besoin s’en fait impérieusement sentir. Et héroïque, il va devoir l’être avec Lan-Kuh, le grand méchant de l’histoire qui œuvre pour que la magie ne soit réservée qu’à une élite, bien évidemment sélectionnée par ses soins. Le pouvoir dont il dispose s’avère particulièrement savoureux, évoquant la magie du sang des Vampires dans une version plus… graphique. On retrouve dans cet inattendu neuvième tome tout ce qui faisait le charme de la série originelle et l’effet madeleine de Proust fonctionne à plein : les deux héros emblématiques (Lanfeust, évidemment, et Hébus dans un rôle délicieusement décalé), des seconds rôles joyeusement déjantés, des jeux de mots à la pelle, de l’irrésistible humour troll (pas taper !), un grand méchant élitiste et inquiétant et sa machination diabolique, un scénario rythmé et riche en péripéties qui explore des thématiques bien contemporaines transposées avec humour et malice dans l’univers de Troy… La fin de l’album est un brin abrupte et l’on aurait aimé une pagination plus généreuse pour l’étoffer d’avantage…

Les aficionados de Lanfeust de Troy remarqueront sans doute que le trait de -Didier Tarquin a considérablement évolué depuis le dernier tome de la série. Le trait semble plus épuré, un brin moins foisonnant peut-être, tout en restant énergique et follement expressif. Le changement de coloriste n’y est sans doute pas étranger et nous sommes nombreux à regretter son absence et à penser que les couleurs de Claude Guth avait hissé la série à son meilleur niveau… sans rien enlever au talent de Lyse Tarquin.

Ce neuvième tome de Lanfeust de Troy est l’une des délicieuses surprises de cette fin d’année.

Alors qu’il aspirait à une vie paisible de forgeron itinérant, Lanfeust doit reprendre du service pour enquêter sur l’étrange disparition de Sages fraîchement sortis d’Eckmül aux côtés de son vieux compagnon, le Troll Hébus, reconverti en Maître-Bibliothécaire craint et respecté. Leur enquête les conduira au cœur d’une forêt enchantée pas franchement accueillante au cœur de laquelle s’ourdit un sombre complot…

Mis en image par le trait dynamique et expressif de son complice Didier Tarquin, le scénario joyeusement déjanté d’Arleston s’avère particulièrement rafraîchissant et renoue avec la série-mère de façon particulièrement convaincante… Jeux de mots, comique de situation, humour troll, personnages joyeusement foutraques et dialogues percutants sont au programme de cette nouvelle aventure qui, non content d’être auto-conclusif peut se lire indépendamment des autres tomes de la série…

- Tu as donc désormais un double pouvoir…
- Oui ! Je ne comprends pas comment c’est possible !
- C’est justement pour parlais de ça que je te cherchais. A dire vrai, c’est le Conservatoire qui m’envoie. Il se passe des choses extrêmement graves. Des sages meurent, des remplçants disparaissent, les pouvoir peuvent se retrouver de façon aléatoire.dialogue entre Hébus et Lanfeust