Trois ombres s’introduisent dans l’ancien mausolée abritant la dépouille du cruel Empereur Xaltotun de Python… Trois hommes dévorés par l’ambition qui vont ramener du royaume des morts ce mage terrifiant à l’aide du Cœur d'Ahriman, antique artefact source de son immortalité et qui a jadis causé sa perte. En échange, les trois hommes réclament le pouvoir temporel sur le monde connu et la chute de Conan, roi d’Aquilonie, seul à même de s’opposer à leurs sombres desseins…

Dans la plaine de Valkia, les deux armées vont s’affronter… La victoire semblait acquise au cimmérien mais, grâce à la ténébreuse magie et aux puissants maléfices de Xaltotun, la victoire changea de camp… Après avoir entendu les cris de ses hommes et de ses frères d’arme, Conan reprend ses esprits dans les geôles de son ennemi…

Mais il n’est pas homme à rendre les armes sans se battre.

Le moins que l’on puisse dire c’est que l’affiche était alléchante… Au scénario, Julien Blondel, bien connu des rôlistes et, entre autre, scénariste émérite de la formidable adaptation d’Elric, chef d’œuvre de Michael Moorcock, en bande-dessinée. Au dessin, l’incroyable Valentin Sécher qui signe le dessin envoûtant des premiers tomes de Méta-Baron. Voir ces deux auteurs s’emparer du héros de Robert E. Howard paraît comme une évidence et la somptueuse couverture montrant Conan en bien fâcheuse posture ne fait qu’aiguiser notre appétit… Et l’album est clairement à la hauteur de nos attentes…

Dès les premières planches, on ne peut qu’être subjugué par la puissance du dessin de Valentin Sécher. La précision de son découpage et ses cadrages vertigineux guident l’œil du lecteur avec maestria. Mais ce sont surtout ses sublimes couleurs qui forcent l’admiration et la manière dont il nimbe chaque scène d’une lumière irréelle et maléfique qui rend cet album particulièrement envoûtant. Alors que chaque case est composée avec soin, comme un petit tableau, l’auteur parvient à faire s’incarner ses personnages, évitant avec maestria l’écueil dans lequel se fracassent certains artistes et qui confère à leurs personnages des postures trop statiques. Bien au contraire, conférant à l’ensemble une dimension épique saisissante, le trait dynamique du dessinateur retranscrit avec art leur mouvement et certaines séquences, celles des escarmouches et batailles notamment, s’avèrent on ne peut plus marquante.

Paradoxalement, l’Heure du Dragon est l’unique roman mettant en scène le personnage emblématique de Conan, ses autres aventures ayant été publié sous forme de feuilleton, notamment dans les pages du mythique magazine pulp Weird Tales. Le scénario de Julien Blondel s’avère savamment orchestré et, malgré les inévitables coupes, retranscrit avec force et justesse l’esprit du roman. On sent la puissance ténébreuse de Xaltotun de Python et la menace mortelle qu’il fait planer sur le Monde Hyborien. Sa façon de mettre en scène les conspirateurs comprenant qu’ils ont réveillé quelque chose qui aurait dû rester à jamais mort renforce la dramaturgie de l’album, de même que Conan qui, un temps désarçonné, comprend qu’il est à sa juste place sur le trône d’Aquilonie.

Voir Julien Blondel, scénariste d’Elric et auteur de Jeu de Rôle, et Valentin Sécher, dessinateur de Meta-Baron, s’emparer de Conan, personnage emblématique de l’heroic-fantasy né sous la plume de Robert E. Howard au début des années 30, paraît comme une évidence.

L’écriture ciselée du scénariste conjuguée au dessin puissant du dessinateur, par ailleurs sublimé par un somptueux travail sur la lumière, retranscrivent avec force l’histoire de cet unique roman d’Howard mettant en scène Conan le Cimmérien. Dans ce récit épique et ténébreux riche en traîtrises et faux semblants, on verra notre héros qui fut tour à tour vagabond, pirate, voleur et mercenaire, perdre sa couronne et la retrouver, après d’épiques aventures…

Ce récit fascinant donne la mesure de la richesse l’œuvre de l’écrivain américain, bien éloigné de l’image trop caricaturale véhiculé par le cinéma…

As-tu déjà rêvé de ta mort Pallantides ? As-tu déjà rêvé d’un passé trop funeste pour avoir été le tien… Mais sans doute trop réel pour ne pas le devenir ?Conan, roi d’Aquilonie