Marie des loups se déroule dans un monde imaginaire qui présente de nombreuses similitudes avec le notre. Après une sanglante révolution, un homme s’est imposé, a renversé le régime en place pour imposer le sien. Mais les partisans de l’ancien régime sont encore nombreux et caressent le doux rêve de le rétablir. Les mœurs, les costumes et les ambiance de complots ne sont pas sans rappeler le second empire, bien que de nombreux éléments fassent immanquablement penser à la révolution d’octobre. Le contexte peut aussi rappeler celui de la guerre des roses qui déchira l’Angleterre de 1455 à 1485… Mais la tenue sexy de Marie et son langage fleurit nous fait plutôt regarder vers l’après guerre. Bref, si on se sent en terrain connu, subtil mélange de diverses époques, on se trouve être, pour notre plus grand plaisir, déstabilisés par les décalages de cet univers.

Ce premier tome permet de camper les personnages et de tracer les lignes directrices d’un intrigue intéressante. Tout gravite autour de trois personnages. Marie des Loups, qui auraient soit disant été adoptée par le Général Neredahaus, héros de la révolution mais suspecté de fomenter un complot visant à renverser l’empereur et Nicolas, jeune inspecteur de police, envoyé sur place pour juger de sa loyauté.

Si Nicolas a un caractère effacé et semble subir les événements, le Général Neredahaus et Marie ont tous deux un caractère fort et bien trempé. De leur relation ambiguë et de leurs échanges tumultueux vont naître l’intrigue. Les dialogues et la psychologie des personnages ont été finement travaillés et le dessin vient renforcer l’impression que ces personnages, emplis de passions, vont bouleverser le cours de l’histoire. Le scénario est un subtil mélange entre aventure, complots et histoire. L’intrigue avance, doucement, les auteurs prenant le temps de poser le décor et de nombreuses cases ou planches ne se justifient que pour poser l’ambiance, par petites touches. Certains trouveront peut-être ténue l’intrigue de ce premier tome mais pour ma part, j’apprécie beaucoup ces lenteurs, ce temps pris à poser le décor, à placer les personnages, à décrire leurs complexités et leurs richesses. On se sent à la lisière de deux mondes, lorsque tout peut basculer, d’un moment à l’autre… Le calme avant la tempête révolutionnaire qui pourrait bien tout balayer…

Le dessin réaliste, renforcé par une mise en couleur magistrale, est des plus réussit. Le coloriste joue sur les oppositions entre couleurs chaudes (une grande partie des scènes intérieures mais surtout pour les personnages) et froides (pour les scènes extérieures notemment). Esthétiquement, c’est une réussite et cela contribue grandement à l’ambiance qui règne dans cet album! A noter une couverture superbe qui attire ’œil dès le premier regard…

Un premier album intéressant, tant graphiquement que scénaristiquement, dont on attend la suite avec impatience…