Fiche descriptive
28€
Chronique | ![]() ![]() |
![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Jean-Louis Tripp a puisé dans des souvenirs douloureux pour écrire ce roman graphique de plus de 300 pages qui nous parle de la mort de son petit frère, sur une route des monts d’Arrée que sa famille et lui traversaient alors à bord d’une roulotte. Il aura fallu près d’un demi-siècle avant que l’auteur d’Extases ou de Magasin Général n’accouche de cet album tournant autour du souvenir de cette perte. Le récit est remarquablement bien construit, avec ce motif récurent qui rythme l’album : la main de l’auteur qui lâche celle de son frère qui est descendu du mauvais côté de la route avant d’être fauché par un chauffard roulant à trop vive allure… un album bouleversant de justesse et de sincérité ![]() Les dialogues et les récitatifs sont d’une justesse confondante, donnant à comprendre les tourments des différents protagonistes, de l’impuissance ressentie face à la mort, de la culpabilité qui ronge, de la colère qui s’empare de l’auteur, jusqu’au long chemin de l’acceptation et du pardon… ![]() Mettant en scène des personnages fait de chair, de larmes et de sang, chacun des protagonistes de l’album s’avère crédible et cohérent, rendant le récit de ce drame et de cette résilience plus bouleversante encore. Jouant avec la temporalité de son récit qui se déroule sur plusieurs décennies, l’auteur dépeint des sentiments qui évoluent subtilement avec le temps, des blessures qui cicatrisent, sans jamais guérir entièrement, ces montagnes russes émotionnelles qui sont le lot des survivants et qui entraînent les personnages sur les sinueux chemin de la reconstruction… ![]() ![]() Avec ce récit intimiste, l’auteur de Magasin Général ou d’Extases revient sur l’un des éléments douloureux de sa vie : la mort de son petit frère, fauché par un chauffard un beau jour d’été… Un drame qui le hantera toute sa vie durant… Mais, si ce récit intimiste s’avère bouleversant, si vivre sans ce frère qu’il aimait est une douleur que Jean-Louis Tripp garde chevillée au corps, l’album n’en reste pas moins porteur d’espoir pour ceux qui traversent une période de deuil. Car la vie continue, envers et contre tous, malgré la culpabilité, la souffrance et les larmes… La dernière séquence de l’album est une petite merveille de beauté mélancolique, montrant le chemin parcouru par Jean-Louis, sa sœur et son frère depuis cette tragédie, à bord de cette roulotte… Je pourrais dire que le Petit Frère est un chef d’œuvre, car s’en est un… Mais le mieux est encore de le lire… J'ai le sentiment que le deuil d'un enfant ne peut se partager qu'avec quelqu'un ayant vécu le même drame. On peut se projeter, imaginer et faire preuve de toute l'empathie de la terre, mais l'expérience de cette épouvantable douleur, la douleur de la perte contre-nature, l'amputation violente de la chair de sa chair... non, on ne peut pas savoir.Jan-Louis Tripp
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